BMW ART MAKERS : les fantômes architecturaux d’Arash Hanaei et Morad Montazami

29 juillet 2022   •  
Écrit par Apolline Coëffet
BMW ART MAKERS : les fantômes architecturaux d'Arash Hanaei et Morad Montazami

Arash Hanaei et Morad Montazami, les premiers lauréats du prix BMW ART MAKERS, ont dévoilé leurs créations spectrales et numériques à l’occasion d’une exposition personnelle. Hantologie suburbaine est à découvrir aux Rencontres d’Arles jusqu’au 25 septembre. Elle prendra ensuite ses quartiers d’automne à Paris Photo en novembre prochain.

Il y a six mois, le jury du BMW ART MAKERS récompensait Arash Hanaei et Morad Montazami. Ils devenaient alors les premiers lauréats du nouveau programme de mécénat de la marque. Consacré aux arts visuels et à l’image contemporaine, il s’inscrit dans le prolongement d’un intérêt pluriel pour le 8e art. S’il remonte aux prémices de Paris Photo, il a su se décliner au fil du temps, jusqu’à la création de la Résidence BMW, réinventée cette année. Désormais, l’accompagnement ne s’adresse plus seulement à un photographe, mais à une collaboration entre artiste émergent et curateur. L’objectif ? Élargir les champs de recherche, abolir les frontières entre les disciplines et interroger nos modes de vie. Un cahier des charges bien rempli que le duo a parfaitement incarné en entamant « une conversation émotionnelle avec notre société », comme le souligne Maryse Bataillard, responsable de la communication corporate et RSE BMW.

Une exploration de notre propre subjectivité

Sur les dix candidatures présélectionnées, les noms d’Arash Hanaei et de Morad Montazami sont ressortis à l’unanimité. Dans Hantologie suburbaine, le duo propose de repenser notre manière d’appréhender les architectures utopiques des banlieues des années 1960 et 1970. « Le concept d’hantologie est un néologisme qui combine les termes “hantise” et “ontologie”. Le mot exprime le retour ou la continuité d’éléments du passé social ou culturel qui nous hantent comme le ferait un fantôme, principalement travaillé dans les écrits de Mark Fisher [philosophe contemporain et critique du capitalisme dématérialisé, NDLR] », nous apprend Arash Hanaei. Un régime d’images disparates – tantôt en mouvement, tantôt statiques – fait alors émerger des figures spectrales qui se heurtent aux bâtisses sensibles. Ce « nouveau paysage », ambivalent, cristallise ainsi l’idéal sociopolitique qui n’a su dépasser l’état chimérique ou virtuel.

« Le concept d’hantologie ne fait pas autorité et n’est pas non plus orthodoxe, il est bien plus fluide et polyphonique par essence, nuance toutefois Morad Montazami. Il s’agit des fantômes du passé qui hantent le présent d’une manière qui entraîne la “lente annulation du futur”. Cela implique également une relation non nostalgique au passé, mais qui est davantage schizophrénique et brouille presque le passé et le présent. En d’autres termes, on pourrait dire, pour citer Fisher, que “l’expérience du 21e siècle n’est rien d’autre que la contemplation du 20e siècle sur des écrans à haute résolution avec internet à haut débit. » Dans une approche expérimentale et poétique, l’artiste et le curateur s’engagent ainsi dans une exploration de notre propre subjectivité pour mieux éprouver les limites qui subsistent entre les êtres et les dispositifs informatiques.

© Arash Hanaei

© Arash Hanaei

© Arash Hanaei

© Arash Hanaei

© Arash Hanaei / BMW ART MAKERS

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