Ernst Haas, chats et gangsters : le portrait chinois d’Eduard Sánchez Ribot

27 janvier 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Ernst Haas, chats et gangsters : le portrait chinois d'Eduard Sánchez Ribot

« J’aime immortaliser les repas et tout ce qui a trait à la cuisine, aux choses communes. Saisir la beauté de ces éléments est très satisfaisant », confie Eduard Sánchez Ribot, auteur de la couverture du Fisheye #57. Né en 1992, le photographe catalan se plaît à mettre en lumière la fragile harmonie des petits moments du quotidien dans des compositions étudiées. « En vérité, élaborer mes images me confère une sérénité d’esprit. Je suis toujours enclin à créer des tableaux ordonnés, sans trop de chaos, explique-t-il. J’imagine que cela fait partie de ma personne et correspond à ma manière d’appréhender l’existence. » Porté par le hasard d’un instinct ou d’une pensée profonde et vagabonde, il utilise le 8e art comme un médium susceptible d’apporter les réponses à une quête d’identité permanente. « Je travaille en ce moment sur un projet que j’ai nommé 8 004 981 877. Le titre est une approximation du nombre d’habitants de la planète. Nos vies évoluent, mais nous ne réalisons presque jamais comment ni où elles nous mènent. Pourquoi je choisis ce chemin plutôt qu’un autre ? Est-ce que je souhaite vraiment m’y aventurer ? Ou est-ce une volonté de la société ? Avec le temps qui passe, nous nous demandons souvent si nous agissons en accord avec nous-mêmes », souligne-t-il. Dans l’ouvrage qu’il espère publier en 2023, l’artiste espagnol entend cristalliser ses réflexions en traçant sa propre voie « à travers un conflit intérieur que le monde actuel rend insupportable autrement ». Eduard Sánchez Ribot, dont nous avions déjà présenté le travail, se prête aujourd’hui à l’exercice du portrait chinois.

Si tu étais…

Une émotion ?

La nostalgie, elle me pousse à prendre des photos.

Une de tes images ?

La toute première. C’était en 2013, à Lille. Une photo banale : une plante avec des livres sur le sol et une lampe sphérique. Depuis ce cliché, je n’ai jamais arrêté de prendre des photos.

© Eduard Sánchez Ribot

Une période historique ?

Les années 1970-80, mais surtout les années 1980 parce que je me sens vraiment lié à l’esthétique de cette période, de même qu’à son imaginaire.

© Eduard Sánchez Ribot

Un personnage historique ou de fiction ?

Vito Corleone, le meilleur gangster de tous les temps ! J’adore les films sur les gangsters.

© Eduard Sánchez Ribot

Une lumière ?

Toujours un coucher de soleil, mais en hiver, bien sûr !

© Eduard Sánchez Ribot

Quelqu’un, mort ou vivant, avec qui réaliser un projet en duo ?

Ernst Haas. Je l’ai découvert il y a quelques mois. Je suis fasciné par ses couleurs et ses compositions impossibles.

© Eduard Sánchez Ribot© Eduard Sánchez Ribot

Un animal réel ou légendaire ?

Je suis un amoureux des chats !

© Eduard Sánchez Ribot

Un décor inhabituel ?

Ma maison. Parfois, elle fait office de charmant décor.

© Eduard Sánchez Ribot

Une musique ?

Bad Kingdom de Moderat. Elle me fait pleurer.

© Eduard Sánchez Ribot

Un espace culturel ?

Le Musée de l’Orangerie. C’est le meilleur musée que j’ai été donné de voir. Ces peintures… Wow !

© Eduard Sánchez Ribot

Une anecdote ?

Je ne me suis jamais intéressé à la photographie avant ma première photo, en 2013.

© Eduard Sánchez Ribot© Eduard Sánchez Ribot

Un penseur et sa citation ?

Poc a poc i bona lletra. C’est un proverbe populaire catalan. Ça veut dire que les choses ne doivent être faites dans la précipitation, mais avec prudence, avec la lenteur nécessaire pour qu’elles se passent bien.

© Eduard Sánchez Ribot

Un paysage ?

Les Pyrénées catalanes.

© Eduard Sánchez Ribot

© Eduard Sánchez Ribot

Explorez
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
© Isabel Muñoz
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
Jusqu'au 28 septembre 2025, le festival Portrait(s) accueille une rétrospective d’Isabel Muñoz, grande figure de la photographie...
20 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Les coups de cœur #547 : Mai-Thanh Nguyen et Madalena Georgatou
© Madalena Georgatou
Les coups de cœur #547 : Mai-Thanh Nguyen et Madalena Georgatou
Mai-Thanh Nguyen et Madalena Georgatou, nos coups de cœur de la semaine, explorent la mémoire. La première s’intéresse aux lieux qui...
16 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Le souffle de la mémoire traverse le parcours Art et Patrimoine en Perche 2025
© Mathilde Eudes
Le souffle de la mémoire traverse le parcours Art et Patrimoine en Perche 2025
Jusqu’au 3 août 2025, le parcours Art et Patrimoine en Perche #06 place la création contemporaine au cœur de cette région verdoyante....
13 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eman Ali : dans les interstices des identités tokyoïtes
Nadya Akane, dans la série In Praise of Silence © Eman Ali
Eman Ali : dans les interstices des identités tokyoïtes
Eman Ali compose The Praise of Silence, fruit d’une résidence artistique à Tokyo. La photographe explore, dans un travail collaboratif...
11 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 16 juin 2025 : expositions, mode et esthétique variées
Entrelacs © Manon Bailo
Les images de la semaine du 16 juin 2025 : expositions, mode et esthétique variées
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye ont été façonnées par des expositions en cours ou à venir, la remise du prix...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
© Caroline Sohie
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
Autrefois carrefour de la traite et du commerce colonial, Bagamoyo, sur la côte tanzanienne, juste en face de Zanzibar, est aujourd’hui...
21 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
© Isabel Muñoz
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
Jusqu'au 28 septembre 2025, le festival Portrait(s) accueille une rétrospective d’Isabel Muñoz, grande figure de la photographie...
20 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
Les membres originaux du groupe Oasis, Japon, 1994 © Dennis Morris
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
En ce premier jour de l’été, partout en France, la musique est à l’honneur. À cet effet, nous vous avons sélectionné une série de...
20 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine