Ya Tender : le corps sous toutes ses coutures

20 janvier 2016   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Ya Tender : le corps sous toutes ses coutures
Basée à Hô-Chi-Minh-Ville, au Viêtnam, Ya Tender s’est lancée dans la photo il y a un tout petit peu plus d’un an. Pourtant ses autoportraits et ses explorations visuelles autour du corps révèlent une maîtrise surprenante. Mais aussi d’une belle fragilité, comme en témoigne sa série “Persona”. Entretien.

Fisheye : Pourquoi es-tu devenue photographe ?

Ya Tender : Je suis devenue photographe parce que pour moi la photographie symbolise un vestige visuel de la communication humaine dans sa plus grande simplicité. À travers les images, je recherche un moyen qui pourrait expliquer ma relation avec le monde qui m’entoure.

Qu’est-ce qui t’inspire ?

Les films et la réalité.

En trois mots, comment définis-tu ton univers ?

Individuel, émotionnel, vulnérable.

Quelle est ton intention principale ?

J’essaye de trouver le langage des images dans lesquelles je peux révéler ma structure intérieure.

Quel est le propos de ta série Persona ?

C’est une approche expérimentale qui sert en même temps mon propre amusement. Cette série est venue au monde durant une phase de désespoir atrabilaire, pendant laquelle je n’arrivais plus à être en relation avec la beauté que je désirais. Puis un jour, j’ai décidé d’arrêter de broyer du noir, de me laisser porter et prendre des photos. J’ai endossé le rôle de photographe et de modèle, en composant mes propres photos et en posant instinctivement. Dans un sens, j’ai laissé émerger un autre « moi » : l’appareil m’a servi d’intermédiaire.

yatender-fisheyelemag-self-portrait-01yatender-fisheyelemag-self-portrait-03yatender-fisheyelemag-self-portrait-04yatender-fisheyelemag-self-portrait-05yatender-fisheyelemag-self-portrait-06yatender-fisheyelemag-self-portrait-07

En regardant tes autoportraits, on ne saurait dire si l’image te libère ou te piège. Qu’en est-il ?

Il y a bien cette ambigüité dans mes images. C’est comme voir une hirondelle basculer sous les voûtes du ciel, toujours dans la même étendue solitaire : l’oiseau s’y vautre désespérément. Avec la photographie, je cherche ma propre liberté même si au final, c’est toujours moi dans le même monde représenté encore et encore. J’espère que les gens qui observent mes photos se retrouveront là-dedans.

Qu’est-ce qui te fascines dans le corps humain ?

Cette beauté inattendue qui parfois s’aligne nettement dans les détails physiques. Il y a quelque chose de magnifique et d’inattendu dans l’étrangeté du corps humain.

Quel message veux-tu faire passer avec la photographie ?

Chaque moment n’arrive qu’une seule fois dans une vie : gardons-les avec nos propres moyens.

© Ya Tender
© Ya Tender
© Ya Tender
© Ya Tender
© Ya Tender
© Ya Tender
© Ya Tender
© Ya Tender
© Ya Tender
© Ya Tender

Propos recueillis par Marie Moglia

En (sa)voir plus

→ Retrouvez Ya Tender sur Tumblr : ya-tender.tumblr.com

→ Suivez-là sur Instagram : @yaonthemoon

→ Et sur Flickr

Explorez
Les coups de cœur #549 : Ainhoa Ezkurra Cabello et Bérangère Portella
Andrea © Ainhoa Ezkurra Cabello
Les coups de cœur #549 : Ainhoa Ezkurra Cabello et Bérangère Portella
Ainhoa Ezkurra Cabello et Bérangère Portella, nos coups de cœur de la semaine, saisissent l’intime, les corps et les relations aux...
07 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nous autres, une ode à l'amitié et à la mémoire queer
Autoportrait avec JEB, E. 9th Street, New York, 1970 © Donna Gottschalk, Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix
Nous autres, une ode à l’amitié et à la mémoire queer
Avec Nous Autres, Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini avec Carla Williams, présentée jusqu’au 16 novembre 2025, le Bal signe une...
04 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 23 juin 2025 : queers, chimères et collectionneurs d'images
© Agathe Baur / Instagram
Les images de la semaine du 23 juin 2025 : queers, chimères et collectionneurs d’images
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye ont été façonnées par des récits de genre, de sexualité, de figures...
29 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Kikuji Kawada : la carte infinie d'un Japon en mutation
Endless Map © Kikuji Kawada, Courtesy PGI
Kikuji Kawada : la carte infinie d’un Japon en mutation
Jusqu’au 5 octobre 2025, à l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles, Kikuji Kawada investit l’espace Vague pour une...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Le jury du grand prix Images Vevey 2025-2026 révèle ses lauréat·es
Rotting from Within, Untitled, 2014-2024 © Abdulhamid Kircher
Le jury du grand prix Images Vevey 2025-2026 révèle ses lauréat·es
Ce mardi 8 juillet, à l’hôtel du Forum à Arles, le jury d’Images Vevey a officiellement annoncé ses lauréat·es : ainsi Abdulhamid Kircher...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
À Arles, Lila Neutre déploie une piste de danse et de résistance
Edwin Xtravaganza (Latex Ball n°1), série Sculpter le soi – The Rest is Drag, 2015. © Lila Neutre. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
À Arles, Lila Neutre déploie une piste de danse et de résistance
Pour les Rencontres d’Arles, jusqu’au 5 octobre 2025, Lila Neutre installe une piste de danse visuelle à la Maison des peintres, portant...
08 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #514 : images indociles
© séquoia photos / Instagram
La sélection Instagram #514 : images indociles
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine incarnent, chacun·e à leur manière, le thème de la 56e édition des célèbres...
08 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot