Terminée en 1988, Metamorphosis est une série qui demeure très actuelle. Frédéric Fontenoy a signé un projet à la fois personnel et universel autour du corps. Sensuel, surréaliste, ce travail relève aussi de la performance.
Dans les années 1980, Frédéric Fontenoy termine son école de photographie et réalise son premier travail, Metamorphosis. À cette époque, il remet en question l’apprentissage de la photo. Équipé d’un Widelux F7, il part à la découverte de lieux naturels et inhabités : au bout du lac Leman, au cœur des monts d’Auvergne ou encore au bord des plages de l’Ile de Ré. Là-bas, il est libre, libre de créer et libre de questionner le rapport au corps sous toutes ses formes – et ce, même dans son absence. Liberté floutée ? Nudité non affirmée ? « Certains ont même associé mon travail à un après-Tchernobyl » , nous raconte-t-il. Pour lui, Metamorphosis est une « reconstruction du corps », une invitation à regarder et à penser différemment. Véritable construction mentale, ses photos sont comme une « éclosion de l’humanité entière », un passage du monde animal au monde humain. Le flou rappelle la non matérialité des flux. Frédéric Fontenoy est un photographe pour qui la technique est essentielle. Il nous confie : « j’ aime trouver une technique pour réaliser un travail ». Ici, il joue avec le slit-scan (principe du scan) : un obturateur à fente placé devant l’appareil photo permet d’exposer petit à petit la surface du film. Très souvent seul, il avait environ trois secondes pour se positionner.
Aux sources de la nudité
Cette série se caractérise aussi par une histoire personnelle intimement reliée à la nudité. Enfant, il a pratiqué le naturisme. Les corps nu faisaient partis du paysage. Fasciné par la mythologie celtique, il donne à voir des corps non figés, qui se transforment. Frédéric a développé avec cette série un rapport à l’inconscient très fort. Il nous raconte aussi l’aventure amoureuse de sa grand-mère, avec l’écrivain-artiste Hans Bellmer, auteur d’un ouvrage qui a beaucoup marqué le photographe. Petite anatomie de l’image est un essai qui questionne le rapport au corps et à la réalité – tout comme Metamorphosis. Dans cet ouvrage, ce dernier explique que l’image « doit transformer son objet » pour que le message soit suffisamment évocateur – ce que reproduit Fontenoy en “métamorphosant” son corps.
Images extraites de Metamorphosis, © Frédéric Fontenoy