La photographe polonaise Jagoda Wiśniewska se plaît à « explorer l’aspect physique et fragmentaire du médium photographique. » En travaillant autour des concepts de perte et de préservation, elle se démarque à travers un storytelling non linéaire et déroutant. À l’image de sa série Czarna Madonna (la madonne noire, ndlr). La photographe a mené ce projet en un an. Elle a travaillé au plus proche de ses sujets avec l’intention d’examiner la dynamique conflictuelle et passionnelle de la relation mère-enfant. Il en ressort un récit étrange et décousu. Un récit qui dévoile les tensions fantastiques d’un environnement familial. Ce sont les histoires vécues de sa grand-mère, partagées avec elle, qui l’ont inspirée. Des souvenirs basés sur de mystérieux événements vécus pendant l’enfance par son aïeule. Cette matière à la fois réelle et imaginaire est la toile de fond de Czarna Madonna. La nature y tient aussi une place cruciale. Par exemple, les images de forêts obscures et secrètes créent une esthétique onirique grâce à une approche différente de la couleur et de la lumière. Jagoda possède un langage photographique singulier, presque discordant. L’alternance entre le noir et blanc et la couleur apporte un rythme discordant qui transforme les images en symboles. Habilement, elle révèle la dualité des sentiments et des représentations au sein de la cellule familiale.
Images par © Jagoda Wiśniewska