En 2012, Ahmed Badreddine Debba prend les premières photos de l’homme à la Djellaba. Son objectif ? Attiser la curiosité. À travers ce projet, le jeune photographe algérien questionne l’identité. Sa série est à découvrir à la Cité internationale des arts à Paris jusqu’au 4 novembre.
« Certains racontent qu’il était guerrier. D’autres disent qu’il était un maître qui enseignait aux enfants à l’école coranique. On raconte aussi qu’il était savant, le guérisseur du village loué par la sagesse et sa modestie. Jusqu’au jour où sa vie bascula. Chassé par les habitants, il devint un étranger insulté de tous. » Qui est donc l’homme à la Djellaba ? Un promeneur solitaire ? Un personnage tout droit sorti de nos rêves ? À l’image du super héros, il est un mystérieux individu proche du peuple qui voyage dans le temps et dans l’espace. Certains ont rêvé de découvrir son visage, d’autres ont pris peur en le voyant défiler dans la pénombre. L’homme à la Djellaba suscite le regard et attise la curiosité. Depuis 2012, ce curieux personnage voyage en Algérie ainsi qu’en France. Une décharge publique, un supermarché, une cave ou encore une mosquée, l’homme à la Djellaba a su développer un don d’ubiquité.
« Je suis rêveur, je ne voulais pas grandir. Plus on grandit et plus on s’éloigne du rêve et de l’imaginaire »
Susciter l’imaginaire pour se reconnecter au réel
Derrière ce personnage, il y a un homme, un symbole et un nouveau langage. Ahmed Badreddine Debba, 29 ans, est né et vit à Mostaganem, en Algérie. Ingénieur en électrotechnique, il est passionné par l’art depuis l’enfance. C’est grâce à son boîtier qu’il découvre, vraiment, le monde. Il a toujours préféré explorer ses rêves pour créer. En 2012, il invente son propre langage – à mi-chemin entre rêve et réalité. Il prend la forme d’un homme couvert d’une Djellaba. Le vêtement symbolise l’identité matérielle et immatérielle. Car pour lui, la Djellaba représente « un point d’union, un relais dans une société où les valeurs ont tendance à se perdre ». C’est aussi un patrimoine, un symbole qui renvoie aux valeurs des anciens et qui peut être revisité d’une façon originale. Avec ses images, le jeune homme parvient à faire des ponts entre les cultures, les pays et les générations. « Faire des photos, c’est communiquer dans le réel » confie Ahmed Badreddine Debba, le photographe-acteur de ce très beau projet. Le récit s’ancrera encore davantage dans la réalité grâce un livret bientôt commercialisé.
© Ahmed Badreddine Debba