Alfonso Almendros : « To Name a Mountain »

01 avril 2021   •  
Écrit par Anaïs Viand
Alfonso Almendros : « To Name a Mountain »

Dans To Name a Mountain, le photographe espagnol Alfonso Almendros cherche à mêler l’amour et la montagne, dans un conte doublement métaphorique. Inspiré par les grands romantiques américains du XVIIIsiècle, il invoque la magie de ces lieux sacrés. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

Nommer une montagne, n’est-ce pas un acte hautement poétique ? Au printemps 1863, le peintre Albert Bierstadt et son ami écrivain Fitz Hugh Ludlow entamaient une ascension dans les Rocheuses, en Amérique du Nord. L’histoire raconte que le peintre, subjugué par la vue de la montagne, en a aussitôt réalisé un croquis qu’il a intitulé Une tempête dans les montagnes Rocheuses, Mont Rosalie, en hommage à la femme de son compagnon de voyage dont il était secrètement amoureux. « Dans cette œuvre, Bierstadt évoquait le désir, mais à travers l’excès et la violation d’une réalité suggestive, car fantasmée », détaille Alfonso Almendros, photographe et conférencier espagnol, installé à Madrid. « J’ai toujours été fasciné par l’alpinisme et par certaines explorations menées au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Parmi elles, les voyages d’Alexander von Humboldt en Amérique du Sud, les premières ascensions dans les Alpes ou encore les tentatives rêveuses – et souvent insensées – pour atteindre le pôle Nord. Il fut une époque où les frontières et les distances naturelles constituaient un obstacle important à la mobilité, et les visions de ces lieux ont inspiré de nombreux artistes », ajoute-t-il.

© Alfonso Almendros

Une double métaphore

Celui qui se décrit comme un photographe essayant « de parler de lui-même à travers des symboles » a trouvé dans ce récit d’aventures un écho qui résonne avec son vécu. Sombre histoire d’amour ou portrait d’une montagne violente et imprévisible ? Son projet To Name a Mountain (« Nommer une montagne ») se lit comme une double métaphore. « J’essaie de confronter l’idéalisation de l’amour et de la montagne. Et je perçois la beauté et la peur comme des concepts comparables à l’amour, analyse Alfonso Almendros. Jusqu’à récemment, la montagne était considérée comme un lieu dangereux que les humains avaient pour habitude d’éviter. Pendant longtemps, elle était liée aux notions de foi, de croyance, de peur et de punition. Pour son caractère sacré, la montagne a d’ailleurs hébergé des dieux ayant un rôle important dans leur religion : le mont Olympe, le mont Fuji, le mont Sinaï, ou encore le mont Ararat… » Danger, terreur, mais sentiment du sublime aussi. En témoignent les théories de Kant ou de Burke, élaborées au XVIIIe siècle. À qui donc le photographe a-t-il pensé en composant cette série ? Il gardera le secret, même si on peut relever quelques indices dans le livre du même nom publié aux éditions Witty Books, pour l’instant épuisé. L’auteur démontre ici qu’il n’est pas nécessaire de nommer un sommet pour honorer le souvenir d’un être cher. Créer des images devient un acte d’amour. To Name a Mountain fera le bonheur des romantiques et des aventuriers.

 

Cet article est à retrouver dans son intégralité dans Fisheye #46, en kiosque et disponible ici

© Alfonso Almendros

 

© Alfonso Almendros

 

© Alfonso Almendros

© Alfonso Almendros

© Alfonso Almendros

 

© Alfonso Almendros

© Alfonso Almendros

© Alfonso Almendros

© Alfonso Almendros

© Alfonso Almendros

To Name a Mountain © Alfonso Almendros

Explorez
Flore Prébay : De deuil et de papier
Iceberg, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Flore Prébay : De deuil et de papier
Du 16 octobre au 30 novembre 2025, la Fisheye Gallery présente Deuil blanc, de Flore Prébay, dans le cadre des Rencontres photographiques...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Polaraki : une collection de polaroids d'Araki sort d'un appartement parisien
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
Polaraki : une collection de polaroids d’Araki sort d’un appartement parisien
Jusqu'au 12 janvier 2026, le musée des arts asiatiques - Guimet accueille une collection foisonnant de polaroids, issue de l’œuvre du...
06 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #561 : Julie Brochard et Anna Prudhomme
© Anna Prudhomme
Les coups de cœur #561 : Julie Brochard et Anna Prudhomme
Julie Brochard et Anna Prudhomme, nos coups de cœur de la semaine, ont puisé l’inspiration dans la maison de leurs grands-parents. La...
06 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Grace Land : Nick Prideaux transcrit son expérience de la perte
© Nick Prideaux
Grace Land : Nick Prideaux transcrit son expérience de la perte
Dans le cadre d’une résidence artistique à la Maison de la Chapelle, au cœur de la Provence, Nick Prideaux a imaginé Grace Land. À...
04 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 6 octobre 2025 : expositions automnales
Éphémère, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Les images de la semaine du 6 octobre 2025 : expositions automnales
C’est l’heure du récap ! À l’approche des vacances de la Toussaint, les pages de Fisheye vous dévoilent de nouvelles expositions à...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Jeu de Paume : Luc Delahaye, le monde en suspens
© Luc Delahaye
Jeu de Paume : Luc Delahaye, le monde en suspens
Luc Delahaye, ancien grand reporter devenu artiste, transforme le regard documentaire en une méditation silencieuse sur le monde. De ses...
11 octobre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Voyage au centre de la terre brésilienne
Périphérie de São Paulo, 2020 @Vincent Catala
Voyage au centre de la terre brésilienne
Comment représenter un pays de façon juste et nuancée, loin des clichés véhiculés autour de ce dernier ? L’impressionnant Île-Brésil de...
10 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Inframundo, de la série Planeta, 2024 © Julien Lombardi
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Du 11 octobre 2025 au 21 février 2026, la Villa Pérochon devient théâtre de sciences, présentant les travaux de Julien Lombardi, lauréat...
10 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger