Nos coups de cœur #330, Léa Treuil et Matthieu Marre, racontent tous deux des histoires. La première relate un voyage en Irlande, et le second imagine des contes visuels, inspirés par le réel.
Léa Treuil
Léa Treuil, 23 ans, s’est tournée vers la photographie lorsqu’elle était enfant, en capturant les rues de Paris avec son père. Aujourd’hui diplômée de l’ESA le 75, école d’art en Belgique, l’autrice développe des projets photographiques autour de l’intime et de la mémoire. « Le 8e art me permet souvent d’extérioriser mon côté nostalgique et sensible. Je fige ce qui me fait vibrer, ce qui me rend vivante, ce qui me touche », précise-t-elle. Réalisée en 2016, Personne ne va rire relate un voyage en Irlande, entrepris avec une amie, Alice. « Nous avions toutes les deux à peine 19 ans, raconte-t-elle. C’était notre premier voyage, nos premières libertés – nos premières peurs, aussi. Quelques années avant ce périple, Alice est tombée gravement malade et nous nous sommes perdus de vue. La maladie m’effrayait. Ce voyage ? Ce sont nos retrouvailles. Depuis qu’elle est guérie, je sais encore mieux apprécier les belles choses, les moments importants. » Véritable carnet de route, la série, shootée en noir et blanc capture la campagne irlandaise avec une aura fantasmagorique. Une manière poétique d’exorciser les craintes, et de célébrer une amitié retrouvée.
© Léa Treuil
Matthieu Marre
« Chacun de nous ne parle qu’une seule phrase, que seule la mort peut interrompre »,
cette phrase déclarée par le philosophe Roland Barthes lors d’une interview ne cesse de fasciner Matthieu Marre, 40 ans. Depuis 20 ans, le photographe développe une esthétique qui lui est propre. « Je travaille en chambre noire pour le tirage des négatifs noir et blanc, exclusivement sur petits formats, et je fais également de la diapositive couleur et noir et blanc, que j’utilise dans des installations », explique-t-il. Influencé par la littérature, l’artiste imagine des contes visuels intimistes. « L’ogre et Mélusine met en scène deux figures, l’une qui m’effraie, l’autre qui m’inspire, confie l’auteur. Je ne crois pas à la partition des genres littéraires – séparer ceux qui traitent du réel de ceux qui nous emmènent dans l’imaginaire. Le conte est pour moi éminemment réel. Au travers de figures fantastiques, il ose dire ce qui travaille l’être en profondeur, ce qu’il est réellement. Cette série est un va-et-vient entre des figures qui ne m’appartiennent pas, mais qui disent, avec justesse, un peu ce que je suis. » Une immersion dans un univers dangereux, sensuel et mystérieux.
© Matthieu Marre
Image d’ouverture : © Matthieu Marre