Tous deux voyageurs dans l’âme, Nazar Furyk et Vincent Hédoin, nos coups de cœur #360 rapportent de leurs virées des visions opposées. L’un construit des natures mortes étranges et colorées, et l’autre s’enfonce dans un univers étrange et brumeux.
Nazar Furyk
« Photographe et voyageur, pèlerin visuel, au sens littéral comme figuratif »,
Nazar Furyk, installé en Ukraine, imagine des natures mortes ultra-colorées, shootées au flash. « Mon premier contact avec le 8e art était à travers un portable Sony Ericsson. C’est à ce moment que j’ai commencé à remarquer les détails de mon quotidien. Je viens d’un univers rempli de rayures, de tomates, de pierres, de magnolias, de bois, etc. », précise l’artiste. Fasciné par l’importance de l’artificiel dans nos vies, tout comme le « chaos délibéré » venu de la nature, il tente, par des compositions surréalistes de brouiller les frontières entre le vrai et le faux. Simple things, série dynamique aux nuances vibrantes est née « d’un besoin inconscient de souligner la nature fragile et surréaliste des choses, tout comme leur étrange pouvoir », confie le photographe. Une boîte d’œufs en pleine recharge, des pinces à linge sagement alignées, une sauterelle enfermée dans une prison de verre… Chaque cliché de Nazar Furyk convoque humour et absurdité. Une collection aussi pétillante que déroutante.
© Nazar Furyk
Vincent Hédoin
C’est durant ses études de cinéma, après avoir visionné La Jetée, film de Chris Marker et « véritable révélation sur l’image fixe et la poésie visuelle » que Vincent Hedoin, installé à Marseille, est tombé amoureux de la photographie. Aujourd’hui diplômé de l’ENSP d’Arles, il développe un univers monochrome au grain raffiné et aux thématiques mystérieuses. « Le noir et blanc me permet d’altérer le réel et d’en proposer une vision plus subjective et onirique. Je cherche à y insuffler un ressenti en saisissant des ambiances que seul l’appareil photo est capable de rendre au monde », précise-t-il. Inspiré par les œuvres de Daido Moriyama, Anders Petersen ou encore Gilles Peress, comme par les films de Carl Theodor Dreyer, ou même les nouvelles de Maupassant, Vincent Hédoin transforme ses errances en virées contemplatives et s’enfonce dans un territoire flou au brouillard inspirant. « Au cours de mes voyages, j’essaie de tisser une sorte d’iconographie personnelle, faite de motifs récurrents. J’aspire à ce que dans mes images il reste quelque chose de ma solitude, de mon étrangeté – aux lieux et aux autres », conclut-il.
© Vincent Hedoin
Image d’ouverture : © Vincent Hedoin