Tout semble opposer nos coups de cœur #375, Marivan Martins et Pablo Gubitsch : l’un s’intéresse à la mode et à la couleur, tandis que l’autre capture dans un documentaire un monde monochrome.
Marivan Martins
« Je suis quelqu’un d’assez bordélique,
s’amuse Marivan Martins, 25 ans. J’adore tout ce qui n’est pas à sa place. J’aime l’idée d’avoir en tête un puzzle interminable dont je mélange les différentes pièces. Des bodybuilders en robe ? Oui. Des marionnettes en chaussettes qui fument des pétards ? Oui. Mon objectif ? Construire, déconstruire, casser, coller, coudre des bouts de souvenirs et de situations pour créer quelque chose d’assez unique et intéressant. » Aujourd’hui photographe de mode installé à Paris, l’auteur d’origine brésilienne s’est toujours considéré comme quelqu’un de créatif. Explorant son environnement, le banal du quotidien et les situations universelles, il perçoit son médium de prédilection comme un outil lui permettant de souffler, de « pouvoir créer ce que [lui] seul est capable de voir dans [s]a tête ». Au flash, à la lumière du soleil, en studio ou en plein centre urbain, Marivan Martins tisse des histoires amusantes, des anecdotes insolites, qui restent gravées dans les esprits et s’amuse à déformer les normes de genre et de beauté. Un travail aussi divertissant que personnel, pour l’artiste, qui conclut : « J’explore des situations que j’ai vécues, des souvenirs de mon enfance, de mon adolescence. Toutes mes photos sont faites avec des bouts de moi ».
© Marivan Martins
Pablo Gubitsch
Étudiant en première année à l’ETPA, Pablo Gubitsch, 23 ans, s’intéresse depuis peu à la photographie documentaire. « Tout part d’un désir d’aller à la rencontre des autres. J’ai toujours été quelqu’un de très curieux, mais j’avais peur de m’approcher des gens. C’est une angoisse que je porte encore aujourd’hui. Mais le médium me permet de mieux comprendre la société et ses acteurs. Je souhaite poser un regard sur des sujets évocateurs qui me questionnent », explique-t-il. C’est cette envie qui le porte jusqu’à Calais, où les conditions de vie révoltantes des migrants le choquent profondément. « L’arrivée du froid, la répression brutale de l’État, les expulsions des camps, la lacération des tentes… Tout était injuste, déshumanisant », précise-t-il. Son objectif lui apparaît alors, simple : « Montrer l’ampleur de la crise migratoire à travers un œil intime ». Dans un noir et blanc minimaliste, qui permet de faire entrer l’abstrait, la poésie dans le réel, l’auteur s’attache alors à représenter des notions universelles : la mémoire, l’identité, l’absence, l’exil… Ému par les compositions de Sebastião Salgado, Josef Koudelka ou encore Jane Evelyn Atwood, Pablo Gubitsch s’applique – comme ses modèles – à faire rimer critique et beauté, violence et tendresse. Un travail sensible, redonnant à ses modèles une dignité méritée.
© Pablo Gubitsch
Image d’ouverture : © Pablo Gubitsch