Les coups de cœur #380

14 mars 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #380

Au cœur des travaux de Paul D’Arcangela et Alis, nos coups de cœur #380 ? Le corps, ses mouvements, sa place dans leur environnement, et les émotions qu’il dégage.

Paul D’Arcangela

« La danse a beaucoup influencé ma manière de photographier. J’essaie de retranscrire de manière visuelle les sensations que j’ai traversées et je trouve que le corps est un moyen fabuleux et mystérieux de s’exprimer. J’aime chercher les failles dans les gestes, les chemins pris par les silhouettes, les résistances qui surviennent, les nœuds que l’on rencontre. J’aime aussi la rage de vivre – fragile et subtile – que possèdent certains danseurs, dans leur manière de repousser le sol, de se relever après leurs chutes. Métaphoriquement, j’y vois une belle leçon de vie »

, raconte Paul D’Arcangela. Formée en danse contemporaine, l’artiste s’est d’abord tourné vers la photographie pour capturer ses ami·e·s. Depuis, il perfectionne son regard à l’ETPA, à Toulouse et poursuit un travail d’auteur centré autour du mouvement, du corps. Très sensible aux ressentis, aux sensations, il aime s’éloigner des représentations plus classiques, et explorer les limites du genre, de la masculinité et de l’intimité. « On pense qu’être une personne forte signifie reléguer au second plan nos faiblesses. Mais en suivant ce mode de pensée, on s’aliène de nos singularités, on s’éloigne de nous-mêmes », ajoute-t-il. Alors, avec la grâce d’un chorégraphe, Paul D’Arcangela dirige ses modèles, les contorsionne, les fige en plein saut, en pleine honnêteté pour construire un récit plein de délicatesse.

© Paul D’Arcangela

© Paul D’Arcangela© Paul D’Arcangela

© Paul D’Arcangela

© Paul D’Arcangela© Paul D’Arcangela

© Paul D’Arcangela

Alis

Installée à Nantes, Alis, 31 ans, retrace son premier contact avec un boîtier argentique à l’âge de cinq ou six ans. « Peux-tu dire que je suis devenue photographe à ce moment ? C’est discutable », s’amuse-t-elle. À ses vingt ans, sa grand-mère et son mari lui offrent un petit compact, qu’elle emporte avec elle à chaque errance – une manière pour elle d’aiguiser son œil. Un goût pour la capture du monde extérieur qui perdure encore aujourd’hui. « J’aime photographier un peu au hasard, avec les éléments du décor qui m’entourent : les textures, les lignes, la météo… Il y a une sorte de semi-spontané dans mes images. Mais si je me lance dans le portrait, je prévois la séance, et nous fabriquons ensemble, avec mon ou ma modèle, pendant quelques heures », explique-t-elle. Au cœur d’une manifestation, dans le calme d’une petite ruelle, depuis la fenêtre d’un appartement… Alis aime capturer les nuances qui composent l’être humain. Une cicatrice, un regard contemplatif, un poing levé en signe de révolte… Les émotions jaillissent de ses images. « Ce qui m’inspire, ce sont les artistes et leurs univers, mais aussi les gens en colère, tourmentés ou rêveurs. Lorsque nous sommes dans le vrai d’une personne, d’un moment », précise-t-elle. Une thématique qu’elle souhaite développer en shootant des « gueules » « afin de mettre en avant des visages atypiques, et d’autres formes de beauté ! », conclut-elle.

© Alis© Alis

© Alis

© Alis© Alis

© Alis

© Alis

Image d’ouverture : © Paul D’Arcangela

Explorez
Les dessous de l'agence Stock Photo : un récit visuel du Québec
Deux jeunes Inuit pratique le chant de gorge devant leurs camarades. Campement d'Okpiapik. Nunavik, 1999 © Jean-François LeBlanc
Les dessous de l’agence Stock Photo : un récit visuel du Québec
Dans le livre Agence Stock Photo, Une histoire du photojournalisme au Québec, la photographe Sophie Bertrand et la directrice artistique...
17 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
© Zélie Hallosserie
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
À seulement 21 ans, Zélie Hallosserie remporte le premier Saltzman-Leibovitz Photography Prize pour The Game, un projet...
16 mai 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Vietnam, 1971 © Marie-Laure de Decker
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Du 4 juin au 28 septembre 2025, la Maison européenne de la photographie rendra hommage au parcours de Marie-Laure de Decker au moyen...
16 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
© Pooya Abbasian, Neuf-Trois, 2024, impression sérigraphie sur verre de chantier
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
À travers Slave to Trends, un projet présenté en 2024 à la Fondation Fiminco, Pooya Abbasian explore les tensions entre esthétique...
16 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les dessous de l'agence Stock Photo : un récit visuel du Québec
Deux jeunes Inuit pratique le chant de gorge devant leurs camarades. Campement d'Okpiapik. Nunavik, 1999 © Jean-François LeBlanc
Les dessous de l’agence Stock Photo : un récit visuel du Québec
Dans le livre Agence Stock Photo, Une histoire du photojournalisme au Québec, la photographe Sophie Bertrand et la directrice artistique...
17 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
© Zélie Hallosserie
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
À seulement 21 ans, Zélie Hallosserie remporte le premier Saltzman-Leibovitz Photography Prize pour The Game, un projet...
16 mai 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Vietnam, 1971 © Marie-Laure de Decker
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Du 4 juin au 28 septembre 2025, la Maison européenne de la photographie rendra hommage au parcours de Marie-Laure de Decker au moyen...
16 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
© Pooya Abbasian, Neuf-Trois, 2024, impression sérigraphie sur verre de chantier
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
À travers Slave to Trends, un projet présenté en 2024 à la Fondation Fiminco, Pooya Abbasian explore les tensions entre esthétique...
16 mai 2025   •  
Écrit par Milena III