Le point commun de Valérian Mazataud et Lisa Tomala, nos coups de cœur #407 ? Aimer raconter des histoires. L’un trouve l’inspiration en Amérique centrale, et l’autre au détour de ses multiples voyages.
Valérian Mazataud
C’est en 2009 que Valérian Mazataud s’est lancé dans la photographie, avec à cœur l’envie de mieux comprendre le monde, en l’analysant à travers le prisme de l’image. « J’ai commencé à la pige, en voyageant sur des lieux de grands événements – tremblements de terre en Haïti, printemps arabe, camps de réfugiés syriens… – mais j’ai finalement choisi de me concentrer sur l’Amérique centrale, une région que j’aime énormément et dont je trouve qu’on parle trop peu », raconte-t-il. Désormais photographe documentaire, l’auteur aime passer le plus de temps possible sur le terrain, pour mieux déjouer les attentes et prendre le temps d’instaurer une narration visuelle dans ses projets. Un goût pour les histoires qu’il développe dans Liwa Mairin, un livre photo inspiré de la légende de la sirène des Miskitos. « La traduction du titre est “la femme de l’eau”, explique-t-il, Les Miskitos sont des autochtones de la jungle du Honduras qui vivent de plongée sous-marine. Ils récoltent des langoustes et concombres de mer qui sont exportés en Asie ou aux États-Unis. Les risques de ce métier ont déjà tué plusieurs centaines d’entre eux, paralysé des milliers d’autres. Les plongeurs y verraient la malédiction de la Liwa Mairin, esprit élémentaire à la fois déesse et démon qui veille sur son domaine aquatique et punit ceux qui abusent de ces trésors… ». Un conte qu’il illustre avec poésie, aux frontières du réalisme et de l’onirisme.
© Valérian Mazataud
Lisa Tomala
« Je dirais que mon approche photographique se perd quelque part entre la réalité et l’étrangeté. J’essaie de retranscrire la dimension insolite que le monde nous donne à voir, les déformations liées à la lumière, aux matières, etc. Raconter des histoires, ou même laisser les autres imaginer leurs propres fictions à partir d’une photographie ou d’une série m’intéresse énormément »,
confie Lisa Tomala. Installée à Lille, la jeune artiste de 19 ans a découvert le médium lorsqu’elle en avait 14. Ayant eu la chance de beaucoup voyager au fil des années, elle aime s’imprégner des cultures et paysages étrangèr·es pour créer. Au cœur de ses œuvres ? L’essence – d’une chose, d’une personne ou d’un lieu. Fascinée par la street photography, c’est aussi à travers les compositions de Martin Parr, Robert Frank, Harry Gruyaert ou encore Vivian Maier qu’elle aiguise son œil. « J’adore l’authenticité des scènes qu’ils et elles arrivent à capter », précise-t-elle. Au-delà du 8e art, les lumières théâtrales, l’art du cadrage du cinéma, la peinture et la musique, notamment « le bleu de Magritte, les lumières d’Edward Hopper, les émotions des morceaux d’Ennio Morricone » guident ses pas. Une palette d’influences qui rythment avec détermination son évolution.
© Lisa Tomala
Image d’ouverture : © Lisa Tomala