Les coups de cœur #414

07 novembre 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #414

Si Louis Arnaud et Bingnan Liu, nos coups de cœur #414 n’ont pas les mêmes thèmes de prédilection – l’un apprécie la photographie de rue, et l’autre celle de l’intime – tous·tes deux posent néanmoins un regard sensible sur leur environnement.

Louis Arnaud

« Je décris mon approche photographique comme introvertie. J’aime être discret lorsque je shoote et j’immortalise rarement des moments de vie. C’est finalement un peu paradoxal de faire des images sans vouloir capturer le vivant… »

, confie Louis Arnaud. Âgé de 25 ans, l’auteur venu de Vendée et aujourd’hui installé à Lille s’est initié au 8e art par le biais de ses études d’architecture et de paysage. Une passion que l’on retrouve dans son goût des lignes et des compositions minimalistes, comme dans l’omniprésence de l’urbain au sein de son œuvre. Capturant son environnement, ce qui croise son chemin lorsqu’il sort, ou qu’il travaille, Louis Arnaud entend « mettre en valeur le paysage ordinaire en cherchant ses anomalies, ses coïncidences, les éléments qui créent la surprise par leur présence inattendue ou leur couleur démarquée ». Lumières diffuses éclairant un paysage nocturne, voitures abandonnées, banlieues désertées, macro-abstractions, courbes graphiques… Au détour des immeubles, des parkings ou même des serres et des champs, l’artiste fige un détail, une sensibilité, un instant fugace ou frappant qu’il se plaît à révéler au monde. Un ensemble faisant l’éloge de la contemplation.

© Louis Arnaud© Louis Arnaud
© Louis Arnaud© Louis Arnaud
© Louis Arnaud© Louis Arnaud

© Louis Arnaud

Bingnan Liu

Fraîchement diplômée, la photographe chinoise Bingnan Liu a quitté son pays natal pour venir étudier l’art contemporain en France. Et c’est après une formation à l’Académie des Beaux-Arts qu’elle décide finalement de se consacrer à la photographie. « Cet été, je me suis également inscrite à l’École nationale supérieure d’art de Paris-Cergy. Depuis, je suis indépendante », précise-t-elle. Fascinée par les thématiques de l’intime – les relations que tissent les gens entre eux, les regards que l’on pose sur autrui… – l’artiste tisse des œuvres à fleur de peau où se croisent ses ami·es comme des rencontres plus brèves. « La photo est pour moi un récit de la mémoire émotionnelle personnelle », ajoute-t-elle. Dans The Boys, une série de portraits sublimés par une lumière chaude et naturelle, l’autrice utilise son regard féminin pour « façonner les hommes ». Inclusif, à l’épreuve des carcans d’une masculinité réductrice, le projet devient alors prétexte à repousser les limites du genre pour mieux célébrer la diversité. Un travail qu’elle place dans la lignée de ses modèles : « Je dois admettre que je préfère le travail des femmes photographes. Nous avons toutes une sensibilité et une délicatesse similaires, ainsi qu’une envie d’explorer la profondeur – je pense notamment à Nan Goldin, Mayumi Hosokura ou encore Rineke Dijkstra », conclut-elle.

Bingnan Liu

Bingnan LiuBingnan Liu
Bingnan LiuBingnan Liu

© Bingnan Liu

© Bingnan Liu

Image d’ouverture : © Bingnan Liu

Explorez
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
© Lieh Sugai
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
Le Premi Fotografia Femenina Fisheye x InCadaqués a révélé le nom de sa lauréate 2025 : il s’agit de Lieh Sugai. Composée de...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
L'errance incarnée par Alison McCauley
© Alison McCauley, Anywhere But Here
L’errance incarnée par Alison McCauley
Avec Anywhere But Here (« Partout sauf ici », en français), Alison McCauley signe un livre d’une grande justesse émotionnelle. Par une...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Charlotte Yonga et les amours (im)possibles à Madagascar
(Tsy) Possible © Charlotte Yonga
Charlotte Yonga et les amours (im)possibles à Madagascar
Avec sa série (Tsy) Possible, Charlotte Yonga sonde les liens d’amour et de filiation dans la société malgache. Elle expose les dualités...
09 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d'images
© Jenny Bewer
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d’images
Dans son numéro #73, Fisheye sonde les représentations photographiques de l’amour à l’heure de la marchandisation de l’intime. À...
05 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
© Lieh Sugai
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
Le Premi Fotografia Femenina Fisheye x InCadaqués a révélé le nom de sa lauréate 2025 : il s’agit de Lieh Sugai. Composée de...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
L'errance incarnée par Alison McCauley
© Alison McCauley, Anywhere But Here
L’errance incarnée par Alison McCauley
Avec Anywhere But Here (« Partout sauf ici », en français), Alison McCauley signe un livre d’une grande justesse émotionnelle. Par une...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Charlotte Yonga et les amours (im)possibles à Madagascar
(Tsy) Possible © Charlotte Yonga
Charlotte Yonga et les amours (im)possibles à Madagascar
Avec sa série (Tsy) Possible, Charlotte Yonga sonde les liens d’amour et de filiation dans la société malgache. Elle expose les dualités...
09 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #523 : loup y es-tu ?
© Ecaterina Rusu / Instagram
La sélection Instagram #523 : loup y es-tu ?
Photographier signifie souvent montrer, dévoiler, révéler. Pourtant, il arrive que ce qui se trouve de l’autre côté de l’objectif ne...
09 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot