Laura Fernández et Mina Rodriguez, nos coups de cœur #422, prônent une photographie intuitive. Pour l’une, l’image est un moyen de se rattacher au monde des souvenirs. Pour l’autre, une façon de figer des instants en suspens.
Laura Fernández
C’est après plusieurs années de stylisme que Laura Fernández s’est éprise de la photographie. « Je me souviens du jour où j’ai eu une illumination. Alors que le confinement m’avait enfermée dans des habitudes contraignantes, j’ai soudain su que je devais photographier pour m’évader. C’est devenu essentiel. C’est un élan qui me pousse à la création, et à relever de nouveaux défis », confie-t-elle. Originaire de Barcelone, la photographe de 28 ans a baigné dans l’art depuis sa tendre enfance. Cherchant à renouer avec ses racines par le médium, elle part puiser ses inspirations auprès de son cercle familial. « Jour après jour, je me rends compte de l’importance de mon héritage, et surtout de sa pureté. J’apprécie et j’admire davantage mes origines, l’humilité, ma famille, le travail, la nature. Je veux continuer dans la simplicité et la chaleur, car ce sont des choses vers lesquelles on revient toujours. » Dans sa série Campesina, Laura Fernández s’attache à recréer l’atmosphère si singulière de la campagne où vivent ses grands-parents. « Je rends hommage aux jours qui ne reviendront pas, à la terre, aux animaux, aux odeurs… », ajoute-t-elle. Tendre ode à ses aïeux·lles, ce projet revisite des souvenirs qui lui ont filé entre les doigts ou qui ne lui ont pas appartenu, mais qui, l’espace d’une prise de vue, réinvestissent sa réalité.
© Laura Fernández
Mina Rodriguez
« J’ai toujours aimé observer les gens et les gestes qui leur échappent, essayer de comprendre ce qui les rend uniques et fait leur essence »
, déclare Mina Rodriguez. Après des études d’histoire de l’art, et quelques années en tant qu’assistante pour une agence de photographie d’objets d’art, elle décide de retourner se former à l’École de Condé. Là-bas, elle développe une nouvelle approche et fait entrer l’humain dans son œuvre. Le portrait se place alors au cœur de son travail et lui permet d’en apprendre davantage sur elle-même et son intériorité. « Le portrait, est un véritable échange entre le photographe et le photographié, il faut être prêt à donner quelque chose de soi à son modèle pour qu’il puisse donner en retour. » Influencée par l’empathie de Rineke Djikstra ou par le pittoresque des clichés de Martin Parr, Mina Rodriguez désire entretenir un lien impérissable avec ses sujets. Plus loin encore, elle souhaite que l’autre se lise par sa simple présence, et qu’en un coup d’œil, un éclat de couleur, on devine l’envers du décor. « Dans mes images, j’aime montrer ce qu’habituellement on ne montre pas : des instants de flottement, semi-hypnotiques, où le modèle est complètement à l’aise avec lui-même et mon objectif », conclut-elle
© Mina Rodriguez
Image d’ouverture © Mina Rodriguez