Nos coups de cœur #424, Isabelle Scotta et Quentin Cherrier capturent chacun·e le monde avec une vision particulière. L’une fige un univers rétrofuturiste et l’autre retranscrit son quotidien avec humour.
Isabelle Scotta
« Dans mon travail, je couvre des événements artistiques, culturels et d’entreprise. J’accompagne également des artistes pour leur communication. Ma démarche personnelle, en revanche, est dénuée de figure humaine. Je m’appuie sur des objets, des architectures laissées par l’Homme pour interroger la manière dont il rêve et s’adapte à son territoire »,
raconte Isabelle Scotta. Née à Brest en 1979, la photographe est aujourd’hui établie à Paris. C’est pourtant à Royan qu’elle compose Tropicalism, en hommage à l’architecture de la ville : le modernisme tropical, « un modèle brésilien des années 1940 », précise l’autrice. Une esthétique renvoyant à une fantaisie, un rêve balnéaire sublimant le territoire. De nuit, sous les lueurs des néons, dans la brume vaporeuse, Isabelle Scotta capte un univers rétrofuturiste que l’humanité semble avoir abandonné. Loin des photographies emblématiques du littoral, elle livre un récit aux frontières de l’onirisme, sublimé par la pénombre. « Cette architecture pourtant tournée vers le soleil est ici paradoxalement capturée dans l’obscurité, car il s’agit pour moi d’un vieux rêve déchu que l’on devine grâce aux lumières artificielles de la ville. Il ne reste que le décor d’un monde utopiste et sans issue », précise-t-elle alors.
© Isabelle Scotta
Quentin Cherrier
Spécialiste en « photographie de rue à la sauvette », Quentin Cherrier, 37 ans, a fait ses armes lors de diverses soirées electros à Paris. Un exercice qui lui apprend la gestion du mouvement et de la lumière. Aujourd’hui, après quelques reportages et « une expo sauvage collée 80 fois sur les murs de la capitale depuis dix ans », il poursuit ses déambulations urbaines et capte l’insolite comme le poétique, avec un humour bien affirmé. « Ma prise de vue est discrète et rapide, pas forcément avec mon boîtier à l’œil. Je prends beaucoup de photos en le portant au niveau de mon ventre… J’aime dire que je shoote avec mes tripes plutôt qu’avec mes yeux ! », s’amuse-t-il. Un travail de longue haleine qu’il fige aujourd’hui dans les pages d’un ouvrage regroupant « six ans de marches dans 23 mégalopoles aux quatre coins du monde ». Instants de grâce découverts au détour d’une rue, rencontres fugaces entre deux métros, lignes graphiques au pied d’une avenue… l’auteur entend partager avec ses lecteurices son goût de l’imprévisible, les inclure dans son périple. « Je veux qu’ils et elles se perdent, comme moi, dans ce qui n’est au fond qu’une grande planète qui déborde », conclut-il.
© Quentin Cherrier
Image d’ouverture : © Quentin Cherrier