Les collages de Margaux Hug remettent le dada au goût du jour

20 octobre 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les collages de Margaux Hug remettent le dada au goût du jour

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Inspirée par les dadas, les surréalistes et le pop art, Margaux Hug brouille, avec ses collages, les frontières entre la réalité et sa représentation.

« La photographie me permet de faire se rencontrer le réel et l’imaginaire dans un cadre graphique très défini »

, déclare Margaux Hug. Photographe et directrice artistique de 32 ans, l’artiste a fait ses armes à Olivier de Serres, en communication visuelle, et aux Gobelins, travaillant ensuite en tant qu’agente de publicité avant de se mettre à son compte. Un parcours qui forge son esthétique singulière. « Mon approche est une combinaison entre direction artistique et 8e art. L’imaginaire y est très important, l’univers réinterprété, sublimé par des images surréelles. L’idée de sortir les objets ou personnes de leur contexte pour les mettre en scène dans des univers surréalistes me guide », confie-t-elle.

Découpages, collages, aplats de couleurs, tons vifs, vibrants, associations incongrues d’éléments, figures hybrides, mêlant accessoires, animaux et humains, transformant les corps en silhouettes grotesques… Dans l’univers de Margaux Hug, les choses sont sans cesse détournées. Elles se métamorphosent, changent d’utilités, trompent nos sens et invitent notre œil à sortir de sa zone de confort, à repenser l’organisation du monde. Une expérience rendue possible grâce à une exploration technique constante. « Certaines de mes images sont réalisées entièrement à partir de collages papier que je photographie ensuite, alors que d’autres sont le fruit d’une combinaison entre des collages (2D) et des objets du quotidien (3D). Cela crée une illusion d’optique entre ces dimensions – entre réalité et représentation », explique-t-elle.

© Margaux Hug© Margaux Hug

Un jeu de contrastes

C’est à la Whitechapel Gallery de Londres, en 2014, que l’artiste découvre la dadaïste Hannah Höch, dont l’écriture automatique la marque profondément, et définit dès lors son leitmotiv. « Le collage permet de créer des images très spontanées qui convoquent l’inconscient, précise-t-elle. J’ai ainsi combiné les univers dadaïste et surréaliste des années 1920 avec une approche plus contemporaine, faisant davantage écho au monde d’aujourd’hui. C’est ce mélange des époques, des styles qui est passionnant. Les objets sont sortis de leur contexte : des chaussures au milieu d’oiseaux ou de fruits découpés, des animaux dans l’espace, des hommes avec des têtes de papillons… Et le recours au gif permet de jouer davantage, en donnant vie à l’objet inanimé ! »

À ces deux courants artistiques, s’ajoute le pop art, dont les couleurs vives, fortes, infusent les créations de Margaux Hug. Tout comme le goût de ces artistes pour l’utilisation d’objets populaires, issus de la grande consommation. Un détail amusant, puisque la créatrice, forte de son expérience en agence de publicité, s’amuse à détourner des éléments plus précieux, venus du monde de la mode. En témoigne son collage intitulé Bag-Eyes, emblématique de son approche. « D’une part, le sac est coupé en deux et retourné. Il perd sa fonction initiale pour devenir un objet purement graphique et pictural. D’autre part, les yeux permettent une personnification de l’objet. C’est un jeu de contrastes, tant par les éléments que les nuances », commente-t-elle. Et c’est ce jeu, ce va-et-vient entre les esthétiques, les thématiques, l’humain et l’inanimé qui définit l’œuvre de l’autrice. À l’aide de ses collages, elle questionne notre perception du réel et le transforme en un espace instable, ludique, elle construit un monde léger, où humour et poésie règnent. Un univers fait d’illusion, dont les limites ne cessent d’être repoussées.

© Margaux Hug© Margaux Hug

© Margaux Hug© Margaux Hug

© Margaux Hug© Margaux Hug

© Margaux Hug© Margaux Hug

© Margaux Hug

Explorez
Les images de la semaine du 4 août 2025 : revoir le monde
Metropolis III, 1987 © Beatrice Helg
Les images de la semaine du 4 août 2025 : revoir le monde
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye nous invitent à porter un autre regard sur le monde selon des...
10 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Béatrice Helg : la musique du silence
Éclats IV, 2013 © Beatrice Helg
Béatrice Helg : la musique du silence
Au musée Réattu d’Arles, dans la fraîcheur d’une ancienne commanderie de chevaliers, le silence devient matière. Jusqu’au 5 octobre 2025...
05 août 2025   •  
Écrit par Benoît Baume
La sélection Instagram #518 : silences nocturnes
© Adélie Martin Bardot / Instagram
La sélection Instagram #518 : silences nocturnes
La nuit, les monstres s’éveillent, les rêves s’animent. Si elle peut être inquiétante, elle est aussi le temps de la féerie. Les artistes...
05 août 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les coups de cœur #553 : Chiara Benzi et Yann Delord
Endure © Chiara Benzi
Les coups de cœur #553 : Chiara Benzi et Yann Delord
Chiara Benzi et Yann Delord, nos coups de cœur de la semaine, explorent le monde comme la nature humaine. La première nous propose une...
04 août 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 4 août 2025 : revoir le monde
Metropolis III, 1987 © Beatrice Helg
Les images de la semaine du 4 août 2025 : revoir le monde
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye nous invitent à porter un autre regard sur le monde selon des...
10 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Chiara Indelicato, voix de Stromboli
© Chiara Indelicato, Pelle di Lava
Chiara Indelicato, voix de Stromboli
Exposée à la galerie Anne Clergue, à Arles, jusqu’au 6 septembre 2025, Pelle di Lava, le livre de Chiara Indelicato paru cette année chez...
09 août 2025   •  
Écrit par Milena III
Axelle Cassini : se rencontrer dans l'autre
Autoportrait © Axelle Cassini
Axelle Cassini : se rencontrer dans l’autre
Comment s’auto-représenter ? Quel lien entre image et identité ? Axelle Cassini, à travers son œuvre poétique et nuancée, explore ces...
08 août 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Le Liban suspendu de Charbel Alkhoury 
© Charbel Alkhoury
Le Liban suspendu de Charbel Alkhoury 
Avec Not Here Not There, l’artiste visuel libanais Charbel Alkhoury propose un ouvrage bouleversant, à mi-chemin entre mémoire intime et...
08 août 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas