Après de nombreuses années à Paris, Stéphane Lavoué s’installe en Bretagne. Dans son ouvrage Les Mois Noirs, le photographe français partage un récit visuel sur son nouveau territoire. Une œuvre sombre et intime.
Une toile de maître. C’est à cela que s’apparentent les portraits et les paysages de Stéphane Lavoué. Et son nouvel ouvrage, Les Mois Noirs, ne déroge pas à la règle. Ce photographe français a photographié diverses cultures aux quatre coins du monde. « Après plus d’une décennie de vie parisienne, nous aspirions à de profonds changements. Nous avions tout envisagé : Rio de Janeiro, San Francisco, Montréal. Finalement, c’est à Cap Caval, la pointe du Sud du Finistère, que nous avons décidé de nous poser. À Kérity, dans la maison des grands-parents de Catherine, ma compagne », explique Stéphane Lavoué. Le temps passe, et, loin des commandes parisiennes, le photographe renoue avec une approche personnelle. Il amorce alors un projet au long cours au cœur de son nouveau territoire : la Bretagne.
Retour à l’intime
Une histoire intense et passionnelle se tisse entre ces paysages inédits et l’artiste. Les Mois Noirs naît de cette nouvelle union. Majoritairement sombres et profondes, tels les fonds marins, les images de cet ouvrage content la vie de cet environnement « sur le rebord du monde ». « Ce petit territoire familier a provoqué la révolution copernicienne tant espérée. (…) Je tâtonne, expérimente plusieurs formes photographiques pour échapper à l’iconographie éculée des bords de mer, bateaux et filets de pêche », confie Stéphane Lavoué. Aux côtés des tempêtes océaniques, le livre dévoile les visages de celles et ceux qui font vivre ces espaces côtiers. Jeune patron-pêcheur, reine des Brodeuses, meunier, écailler, surfer… Ils sont nombreux à ne pas vouloir quitter « le pays ». Dans ces clichés teintés de noir, la pénibilité du travail se révèle. Mais également la force d’une communauté soudée par la passion et les enjeux économiques et sociaux du territoire. Un récit puissant et intime signé par un breton d’adoption.
Les Mois Noirs, Éditions 77, 40 euros, 80 p.
© Stéphane Lavoué