Death Magick Abundance, le premier livre de Akasha Rabut, rend hommage à La Nouvelle-Orléans. Un travail ethnographique et culturel révélant les facettes d’un peuple pluriel.
Diplômée de l’institut d’art de San Francisco, Akasha Rabut se décrit comme sensible et festive. Installée à Hawaï durant son adolescence, l’artiste n’est pas séduite, comme le reste de ses camarades, par le surf. Elle préférait les images et glaner dans l’immense librairie Boarders Books and Music . « Quand je retournais en Californie, pour rendre visite à ma mère, je me nourrissais de culture pop, de musique et d’art. Je revenais ensuite à Hawaï avec tout ce que j’avais appris. Et cela choquait mon entourage », se remémore la photographe.
Akasha Rabut documente la culture florissante de La Nouvelle-Orléans depuis près d’une décennie. Au détour de divers quartiers et évènements de la ville, la photographe explore les phénomènes et les traditions multiculturels. Entre les talons aiguilles des Caramel Curves — le premier club de motos exclusivement réservé aux femmes noires — ou les Southern Riderz — des cow-boys parcourant les rues à cheval — Death Magick Abundance représente les générations de cette localité festive. « Ce livre dévoile ceux qui persévèrent, survivent, renforcent et transforment la ville dans toute sa vivacité permanente. C’est un moyen pour que l’amour et la beauté éternelle de La Nouvelle-Orléans et de ses habitants se répandent dans le monde entier », résume l’artiste.
Un projet créatif et des actions solidaires
L’artiste ne cesse d’étudier l’évolution du paysage et du peuple de cette ville de Louisiane. « J’ai toujours été claire sur la façon dont je participe à la vie de la ville. Et je suis ravie de voir que mon travail contribue à la construction d’amitiés. Il est important — en particulier pour la Nouvelle-Orléans — de documenter ces instants et lieux spéciaux », explique Akasha Rabut. Préserver et interpréter donc. Deux objectifs qu’elle partage avec Anthology, sa maison d’édition indépendante. Son approche photographique repose essentiellement sur la parole. Sans être envahissante, la photographe s’immisce au cœur des organisations et des familles. Une confiance s’installe entre le peuple et l’artiste et permet de dessiner l’héritage de toute une communauté baignée dans les cultures africaine, américaine et française. Un projet emprunt d’humanisme.
Bien plus qu’un travail photographique ethnographique, Death Magick Abundance affiche une volonté claire : ne pas exploiter les résidents. « Ma priorité est de faire comprendre que La Nouvelle-Orléans et ses habitants ont besoin de nourriture culturelle pour survivre. Mon livre ne doit pas être perçu comme une promotion du tourisme de masse. Lorsque vous venez ici, en visite, soutenez les entreprises locales. C’est la seule façon de maintenir l’expérience multiculturelle », ajoute l’artiste. En cohérence avec sa pratique photographique, la photographe a fondé le Creative Council. À travers un programme extrascolaire pour les jeunes de la ville, le Creative Council accueille des adolescents intéressés par des carrières créatives. « Il est conçu pour mettre en contact les étudiants avec des professionnels du domaine des arts. Le dispositif les aident à développer des travaux originaux. Les participants au programme peuvent obtenir jusqu’à 1 500 dollars d’aide pour l’achat d’équipements et la couverture des frais de scolarité », explique la photographe engagée. Un livre hommage à une terre sacrée, en réinvention constante.
Death Magick Abundance, Anthology Editions, 40 dollars, 216 p.
Du 21 au 28 avril, les recettes des ventes effectuées sur le site d’Akasha Rabut seront reversées à un fonds d’aide de La Nouvelle-Orléans contre l’épidémie du Covid-19.
© Akasha Rabut