Les rives de l’Amour 

19 mars 2020   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Les rives de l’Amour 

Claudine Doury émeut par son travail emprunt de délicatesse et de simplicité. À travers son dernier ouvrage intitulé Amour, l’artiste – éprise des peuples sibériens – tente de retrouver les familles rencontrées lors de ses premières pérégrinations dans les années 1990. Une œuvre intime autour du voyage et de la mémoire.

Qu’est-ce que l’amour ? Un sentiment charnel, familial, amical qui peut être abstrait comme intense… L’ «amour » . C’est aussi le titre du dernier ouvrage de Claudine Doury, une photographe installée à Paris. L’artiste redécouvre ce terme en 1989, alors qu’elle parcourt un atlas, et suit une courbe bleue : le fleuve Amour – le plus important de la Sibérie. Elle part à sa rencontre à trois reprises : en 1991, 1997, et plus récemment, en 2018. De ces quêtes sibériennes émane un livre de photographies, édité par Chose Commune. Les peuples des années 90 sont-ils encore présents ? A-t-elle retrouvé les familles rencontrées lors de ces deux premiers voyages ?

© Claudine Doury

Odyssée et onirisme 

« Ce projet restitue, sous la forme du journal, mon cheminement à travers plusieurs strates temporelles de la vie de ces familles et de ces peuples. Il témoigne aussi d’un territoire qui porte les traces de son histoire : de la conquête de l’Est par les Cosaques jusqu’au peuplement russe au cours des siècles », confie Claudine Doury. Sa première rencontre avec les Nanaïs et Oultches – peuples indigènes de Sibérie, cousins des Amérindiens – est prédominante de cette relation fusionnelle. Le livre Peuples de Sibérie, du fleuve Amour aux terres boréales, publié au Seuil en 1999, conte ce premier rendez-vous. 27 ans plus tard, le coup de foudre demeure. Elle entame un enregistrement silencieux du temps qui passe de ce fleuve qu’elle aime tant. 

« Sombre et un peu démesuré ». C’est ainsi que Claudine Doury définit le cours d’eau obscur et immense – 4 354 kilomètres de long. Rêveuses, énigmatiques, ses images sont aussi romanesques. « La Russie est une autre planète, mais qui m’est familière, j’en connais les codes. Je m’y sens bien, comme à la maison », ajoute l’artiste qui manie parfaitement l’alphabet cyrillique. Les liens tissés avec les paysages côtiers et les peuples au fil des années se fixent dans une intemporalité déroutante. Amour s’impose comme un récit visuel d’une odyssée traçant les mémoires de peuples sibériens. Un projet à découvrir, installé confortablement chez soi, ou en visitant la Galerie In Camera, qui nous l’espérons, réouvrira ses portes d’ici le 23 mai. 

Amour, Chose Commune, 42 euros, 104 p.

 

Amour 

Du 27 mars au 23 mai

 Galerie In Camera

 21 rue Las Cases, 75007 Paris

© Claudine Doury© Claudine Doury© Claudine Doury

© Claudine Doury© Claudine Doury

© Claudine Doury© Claudine Doury© Claudine Doury

© Claudine Doury

Explorez
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
© Isabel Muñoz
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
Jusqu'au 28 septembre 2025, le festival Portrait(s) accueille une rétrospective d’Isabel Muñoz, grande figure de la photographie...
20 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Les coups de cœur #547 : Mai-Thanh Nguyen et Madalena Georgatou
© Madalena Georgatou
Les coups de cœur #547 : Mai-Thanh Nguyen et Madalena Georgatou
Mai-Thanh Nguyen et Madalena Georgatou, nos coups de cœur de la semaine, explorent la mémoire. La première s’intéresse aux lieux qui...
16 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Le souffle de la mémoire traverse le parcours Art et Patrimoine en Perche 2025
© Mathilde Eudes
Le souffle de la mémoire traverse le parcours Art et Patrimoine en Perche 2025
Jusqu’au 3 août 2025, le parcours Art et Patrimoine en Perche #06 place la création contemporaine au cœur de cette région verdoyante....
13 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eman Ali : dans les interstices des identités tokyoïtes
Nadya Akane, dans la série In Praise of Silence © Eman Ali
Eman Ali : dans les interstices des identités tokyoïtes
Eman Ali compose The Praise of Silence, fruit d’une résidence artistique à Tokyo. La photographe explore, dans un travail collaboratif...
11 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
La FUJIKINA Arles, quand l'art rencontre la technique
© Gregory Halpern / Magnum Photo
La FUJIKINA Arles, quand l’art rencontre la technique
Du 8 au 12 juillet 2025, la FUJIKINA, manifestation mondiale autour de la culture photographique créée par Fujifilm, revient pour une 2e...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #512 : amour censure, amour sincère
© Aniela Kurkiewicz / Instagram
La sélection Instagram #512 : amour censure, amour sincère
« Il n’y pas d’amour censure, il n’y a que d’l’amour sincère », chante Hoshi. Peut-être ces paroles rythmeront-elles la marche des...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Valéry Giscard d’Estaing devant sa télévision, le soir de son élection comme président de la République française, Paris, 19 mai 1974 © Marie-Laure de Decker
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Jusqu’au 28 septembre 2025, l’œuvre de Marie-Laure de Decker s’expose à la Maison européenne de la photographie. Au fil de sa carrière...
23 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #548 : Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher
Diversum © Konrad Hellfeuer
Les coups de cœur #548 : Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher
Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher, nos coups de cœur de la semaine, invitent à ralentir, observer et contempler. Interrogeant les thèmes...
23 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot