Gregor Sailer est un photographe et designer autrichien qui aime remettre en question notre compréhension du monde. Dans son dernier ouvrage, The Potemkin Village, paru en octobre 2017, il revisite le mythe du même nom datant du 18e siècle. Un bel objet qui brouille les frontières et questionne notre réalité. Authenticité ou illusion ? Les deux évidemment.
Selon la légende, en 1787, en Crimée, Grigori Potemkine fit ériger des façades en carton-pâte pour masquer la misère locale. L’objectif ? Impressionner l’impératrice Catherine II, de passage. Au-delà du mythe, l’expression « village Potemkine » renvoie aujourd’hui aux termes de trompe-l’œil, de supercherie. Il renvoie également au dernier ouvrage signé Gregor Sailer, The Potemkin Village, paru chez Kehrer Verlag. Si Gregor s’est spécialisé dans la photographie documentaire et d’architecture dans le milieu urbain, le médium a toujours été pour lui l’outil idéal permettant de « raconter des choses, effectuer des recherches sur le monde, révéler des informations et défendre une opinion ». Le monde est son terrain de jeu favori, c’est là qu’il puise son inspiration. « J’essaye de trouver de nouvelles perspectives et de pénétrer des espaces difficiles d’accès, explique le photographe. J’essaye de faire des images réalistes permettant au spectateur de se forger sa propre opinion », précise-t-il.
Courir après l’invisible
Intéressé par le faux et toutes les formes d’illusion, Gregor recherche des « versions modernes du mythe », à savoir des « constructions architecturales motivées par des enjeux politiques, militaires ou encore économiques ». Centres de formation au combat aux États-Unis, répliques fidèles de villes européennes en Chine, zone d’essais de véhicules en Suède. Une course après l’invisible, qui s’avère difficile tant les publications et les contacts sont rares. « Les phases de recherches et d’organisation jouent un rôle important dans ce projet », confie le photographe. Depuis 2015, il a voyagé à travers quatre continents et a parcouru plusieurs pays parmi lesquels, les États-Unis, la Chine, la Russie, la Suède, l’Allemagne, la France ou encore l’Angleterre. Gregor revisite un mythe du XVIIIᵉ siècle à la lumière des préoccupations et besoins du XXIᵉ siècle. Et surtout, ses images pointent l’invisible, le faux ou encore ce que l’on refuse de voir. Fiction ou réalité ? Une chose est certaine, The Potemkin Village questionne nos propres frontières.