Avec le livre et l’exposition Traversée, le photographe Clément Chapillon rend hommage à la ligne C du RER parisien, célébrant son quarantième anniversaire. Un voyage étrangement dépaysant en Île-de-France.
Amoureux de la photographie depuis son enfance, Clément Chapillon a quitté en 2015 son agence de communication pour se consacrer à la pratique du médium. Après une formation de quatre mois aux Gobelins, l’artiste se lance dans sa première série, Promise Me a Land, un projet documentaire en Israël et Palestine qui durera plus de deux ans. « Cela a état le véritable point de départ de ma nouvelle vie de photographie », confie l’auteur. Un récit initial qui confirme son désir d’explorer la relation entre l’Homme et son territoire. « J’aime comprendre et décrire les fils qui sont tissés entre cultures et géographie, comment les paysages forgent et influencent nos identités », précise-t-il.
Distiller un peu de magie dans la réalité, tel est l’objectif de Clément Chapillon. Tout en conservant une approche documentaire, il veille à transformer la matière première. « Je veux y intégrer de l’imaginaire, des images mentales qui créent un questionnement, qui interpellent », ajoute-t-il. Une vision unique du monde qui accompagne sa Traversée. Réalisé avec l’aide de la SNCF, l’ouvrage retrace les quelques 180 kilomètres de rails du RER C, traversant l’Île-de-France de haut en bas. Un voyage permettant à l’auteur de redécouvrir un paysage familier.
Redécouvrir son trajet quotidien
« Je n’avais jamais photographié mon quotidien. Il est beaucoup plus dur d’explorer un lieu familier que de succomber aux sirènes des terres lointaines »
, confie l’artiste. Pourtant, au fil du voyage, des gratte-ciel et monuments emblématiques du cœur de la capitale aux maisonnées perdues dans les champs, il nous semble nous éloigner du Grand Paris. Dans un univers aux tons pastel offrant une belle unité à ce trajet éclectique, le RER C et ses territoires offrent une escapade dépaysante. Il y a une certaine intemporalité dans les clichés de Clément Chapillon. Du linge, malmené par un vent printanier, aux portraits élégants des différents voyageurs des trains, chaque instant semble s’étirer, donnant à voir les détails saisissants d’une routine quotidienne.
Construite il y a quarante ans, la ligne C emploie aujourd’hui 2500 agents SNCF et transporte chaque jour 540 000 personnes. Des techniciens aux travailleurs fatigués, le regard perdu dans le paysage défilant, le photographe s’est appliqué à documenter chaque personnage jouant un rôle dans cette Traversée. Accompagnées de quelques fragments de pensées, les images du livre évoquent un voyage : un périple en terres arpentées, dont chaque parcelle est à la fois connue et secrète. Du monde rural à l’étendue de l’espace urbain, le train dissimule quelques trésors. Ça et là, la palette de couleurs, l’expression d’un inconnu arrête le regard, et invite le lecteur à redécouvrir son trajet quotidien.
Traversée, Clément Chapillon
Gare d’Invalides, Paris 7e
Jusqu’au 31 décembre
© Clément Chapillon