« L’image et la mode m’ont toujours attirée, mais je n’avais jamais osé penser que j’y aurais ma place. Quand tu viens d’une petite ville, le cheminement pour comprendre comment débarquer dans ces milieux est assez abstrait. J’étais timide et je n’avais pas confiance en moi. Ça me semblait impressionnant », se souvient Charlotte Robin. Adolescente, la photographe passait d’innombrables heures à éplucher les magazines et blogs spécialisés, contemplant de loin l’univers qui la fascinait. Entre discipline artistique et industrie commerciale, l’ambiguïté qui en émane la saisissait déjà. « En grandissant, j’ai bien évidemment pris un peu plus de recul par rapport à tout cela. Il y a un aspect superficiel que je ne supporte pas – même si les marques essayent d’évoluer de manière plus consciente, intelligente et humaine. Des points de vue esthétique et technique, certaines pièces, la grâce de certains modèles m’impressionnent toujours autant. Pour moi, aujourd’hui, le plus important est de travailler dans la bienveillance », argumente-t-elle. Dans ses compositions édulcorées, la mode se conjugue tour à tour à la nature morte et au documentaire, à la mise en scène et à la représentation fidèle du réel. « J’adore sortir les éléments de leur contexte pour créer un décalage, poursuit l’artiste française. Je trouve percutant de faire des petits clins d’œil aux choses banales du quotidien. C’est surement cela qui insuffle de la poésie : rendre beau quelque chose que l’on penserait inintéressant. »
© Charlotte Robin