Si l’Italien Roberto de Mitri se présente comme un homme d’affaire diplômé d’économie, c’est pourtant le médium photographique qui l’épanouit avant tout, lui permettant de s’évader loin du pragmatisme de sa profession et du stress de son quotidien pour laisser place à son agitation intérieure. Pour lui, l’art est un outil d’introspection, de retranscription de ses émotions : « Ce qui m’anime, c’est l’envie de donner forme à mes démons, à mes passions, à mes tensions, non pas par des mots, mais par des images », explique le businessman. Ses sujets, qu’il s’agisse d’êtres ou de paysages, ont en commun leur évanescence, révélée par des poses longues, dont l’artiste raffole, venant métamorphoser le monde qui l’entoure. Balades oniriques ou mutations grotesques des corps et visages, les clichés inspirés de Roberto de Mitri se construisent à l’argentique et en noir et blanc – comme une échappatoire au réalisme coloré. Ses contrastes marqués, tout comme ses silhouettes féminines, évoquent Man Ray, qu’il érige en maître. Outre ses inspirations surréalistes, l’artiste cherche à rendre compte de formes expressionnistes et symboliques, sortes de fantômes ou mirages inspirés par le monde brumeux et mélancolique de la poétesse Emily Dickinson. Malgré les années de pratique, l’Italien n’a finalement rien perdu de son émerveillement enfantin à l’égard du 8e art : « Il y a, dans la photographie, quelque chose de magique et d’inaccessible qui me fascine. La profondeur et la densité des ombres, liquides et parfumées, comme de l’encre. La douceur des infinies nuances de gris, élégantes et enveloppantes comme du velours. La texture de l’image avec son grain corsé. Un véritable plaisir tactile pour les yeux et l’esprit », conclut-il poétiquement.
© Roberto De Mitri