« Ma fascination pour l’image et son impact social, mes études d’histoire de l’art et mon éducation dans une famille d’artiste m’ont naturellement poussée à découvrir les possibilités illimitées que ce médium pouvait m’offrir et ainsi satisfaire ma curiosité gargantuesque. Ce moyen d’expression créatif me permet de faire le pont entre mon univers intérieur et l’extérieur. Par la création, je verbalise ma perception du monde qui parfois tend vers un certain surréalisme ou une irréalité », affirme Maewenn Bourcelot. Pour la photographe et directrice artistique installée à Paris, la création s’opère sous divers pseudonymes : Maokono ou Maochen. « J’ai toujours aimé modifier mon nom depuis toute petite. J’ai trouvé amusant de défier le sérieux qu’on attribue de nos jours à l’identité avec ces contrôles de plus en plus étouffants et utiliser la flexibilité du monde numérique pour me décadenasser de ma représentation digitale et de fait créer une barrière entre mon moi et mon moi perçu », explique-t-elle. D’inspiration hétéroclite, elle garde néanmoins en elle la lumière et l’aspect scientifique d’Olafur Eliasson, l’humanisme de Diane Arbus et la maîtrise des couleurs d’Irving Penn. Entretenant un rapport au temps ambigu, Maewenn Bourcelot privilégie la lenteur d’une prise de vue afin de mieux appréhender son sujet et façonner une ambiance tendrement suspendue. « La nature est pour moi un monde d’exploration sans borne, j’éprouve un plaisir incommensurable à me perdre dans ses paysages, et tout particulièrement à observer le monde des minuscules. Il y a tant à apprendre du fonctionnement des écosystèmes, leur observation me projette systématiquement dans des considérations ontologiques. » Dans l’une de ses séries, intitulée Eternal Ephemeral, elle tente de construire un dialogue écologique avec l’écosystème des abeilles. Elle y relate toute la complexité de son organisation et révèle l’incidence humaine dans son effondrement. En découle une imagerie émerveillée, mêlée de miel et de douce violence.
© Maewenn Bourcelot