Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Antoine Dubroux, photographe et acrobate, réalise des Kaléidoscorps, et transforme le corps humain en un mandala délicat.
« En 1990, j’ai basculé dans le spectacle vivant par amour. Ces années représentaient l’âge d’or d’un nouveau cirque. À la sortie de la piste, je réalisais des images intimes d’acrobates, équilibristes, jongleurs, aériens… Des amitiés se sont nouées »,
raconte Antoine Dubroux. Attiré par l’expérience et la performance physique, l’artiste se lance lui aussi dans cet art de la scène, et tombe amoureux d’une jeune danseuse. Aujourd’hui acrobate aérien, scénographe, photographe et comédien-clown, l’auteur lie ses passions dans des réalisations sensuelles ou abstraites, au cœur desquelles les corps se contorsionnent avec élégance.
Transformer le corps en calligraphie
La série Kaléidoscorps est né durant le confinement. Un travail surréaliste, revisitant l’art du portrait. « Comme tant d’autres, j’ai eu le temps de m’amuser avec mes images. Photoshop devient l’allié précieux de ces instants, où l’on ne peut ni recevoir ni aller voir », explique Antoine Dubroux. Prenant sa femme pour modèle, le photographe se lance dans une création drôle et stylisée. Son corps, dénudé, devient graphisme, et forme des motifs alambiqués. « Elle est ma muse, confie l’artiste, ces images sont le reflet de notre complicité à la ville comme à la scène. »
Inspiré par ses recherches plastiques et esthétiques, le photographe prend le temps de transformer le corps humain en calligraphie. « La démocratisation des moyens technologiques me permet de gérer l’ensemble de la chaîne graphique à domicile. Le travail de postproduction, souvent négligé car chronophage, peut devenir soigné lorsqu’on a plus que cela à faire », précise-t-il. Comme des chorégraphies, les kaléidoscopes révèlent la grâce de la modèle, et sa sensibilité. « C’est bien la qualité du mouvement dansé qui donne à ces images leur sens », conclut Antoine Dubroux. Loin de l’anxiété générale, causée par l’enfermement, l’artiste signe ici un éloge du corps – celui qui se contorsionne sur scène, et celui qui apparaît dans l’intimité.
© Antoine Dubroux