À l’occasion de l’exposition SUPER TERRAM organisée par la Fondation Desperados pour l’Art Urbain, A.L. Crego dévoile un travail à la frontière de la vidéo et de la photographie : les GIFs. L’artiste espagnol est à découvrir, parmi dix autres, du 10 février au 19 mars à l’Espace Voltaire à Paris.
Ayant pour vocation de promouvoir l’art urbain contemporain sous toutes ses formes et de le rendre accessible à tous et toutes, la Fondation Desperados pour l’Art Urbain dévoile une nouvelle exposition au cœur de Paris : SUPER TERRAM. Invité par la Fondation, l’artiste-curateur Gaël Lefeuvre convie onze artistes internationaux parmi les plus avant-gardistes de la scène urbaine actuelle : Michael Beitz, Matteo Berardone, Gonzalo Borondo, CELA, A.L. Crego, Germain Ipin, Joaquín Jara, Amir Roti, Seth, Axel Void et Addam Yekutieli. « Dans SUPER TERRAM, les artistes racontent une histoire dont la matière première est l’élément terre. C’est un écosystème qui naît, s’épanouit et meurt. Elle décrit un cycle inhérent à la vie, puisqu’on naît tous de la terre pour finir par enrichir le sol… », précise le commissaire d’exposition dans des propos recueillis par Stéphanie Lemoine, journaliste et critique d’art.
SUPER TERRAM, « hors-sol » en latin, se présente comme une allégorie de nos vies contemporaines artificielles. Située dans une ancienne manufacture de 3000m2, l’exposition se compose d’œuvres pluridisciplinaires uniques et inédites qui surgissent d’un sol terreux. Ce laboratoire de recherche artistique évoluera durant un mois autour d’une thématique forte et percutante : le cycle de la vie. L’Espagnol A.L. Crego y présente un univers numérique saisissant et envoutant.
Des images en mouvement
Installé à La Corogne, en Espagne, A.L. Crego se distingue par des créations artistiques atypiques : les GIFs, une forme d’images numériques permettant de créer des images animées à boucle perpétuelle. Souvent associé à la culture du meme et de l’humour, les GIFs d’A.L. Crego se différencient par leur mysticité, mettant en scène des maux sociétaux. « La caractéristique spécifique de ce format – la boucle continue – est pour moi essentielle car c’est ce qui provoque le sentiment de « mantra visuel », le mouvement éternel », témoigne l’artiste. Consacrant la majorité de son travail à ce format, A.L. Crego conjugue la création avec les contraintes que cette forme engendre : « J’aime expliquer un parallélisme entre le GIF et le bonsaï. Dès que l’on comprend comment il se comporte, on peut réaliser de belles choses. Le fait de n’utiliser que du blanc, de la lumière, s’accorde parfaitement avec la faible palette de 256 couleurs qu’offre le GIF. J’appelle ce genre de travaux où je n’utilise que des pixels blancs le « Giftillisme » en référence au Pointillisme », précise-t-il.
Après avoir travaillé en couleurs pendant plusieurs années, le génie du GIF compose désormais ses œuvres principalement en noir et blanc. « Je trouve intéressant le fait d’éliminer tout type d’ornement qui peut influencer le sens de la pièce », explique-t-il. Ses créations émanent d’une esthétique ancienne, mais futuriste, qu’il aime qualifier de « réminiscence des temps passés qui ont été confrontés à des problèmes auxquels nous faisons tous et toutes face ». Bien que ses GIFs se teintent d’influences venant du surréalisme, A.L. Crego s’inspire surtout des mots. Selon lui, ces derniers suggèrent le visuel d’une idée et non d’une image fixe et fermée. À mi-chemin entre une dystopie et une réalité brute, les travaux sombres d’A.L. Crego traduisent ainsi notre monde contemporain avec poigne et intelligence.
« L’art doit permettre de suggérer des perspectives différentes de ce que nous percevons au quotidien. Et comme nous sommes tous immergés dans cette culture audiovisuelle hyper présente, nous oublions que nous incarnons cette même culture », A.L. Crego au sujet de sa série Culture amniotique
© A.L. Crego