À la recherche de l’âme britannique

22 août 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
À la recherche de l'âme britannique

Depuis l’annonce du Brexit, Sam Gregg s’interroge sur l’identité britannique. En rentrant dans son pays natal, il amorce Blighty, un projet consacré aux habitants d’East London, un quartier historique et multiculturel de la capitale.

Né en 1990 au Royaume-Uni, Sam Gregg, photographe documentaire avide de découverte, construit ses projets en voyageant d’un pays à l’autre. Après avoir documenté la fascinante noirceur de Naples, l’auteur est retourné dans sa terre natale, un pays divisé, portant la marque du Brexit. « L’identité nationale a été un sujet de conversation constant dans les médias britanniques. Mais après plusieurs années à vivre à l’étranger, je me sens détaché de ma patrie, confie le photographe. J’ai décidé de capturer cette étrange sensation ; j’ai vite réalisé que je n’avais pas oublié que j’étais britannique, je ne l’avais jamais vraiment su. »

Ainsi est né Blighty – terme affectueux que les anglais réservent à leur pays – une série émouvante de portraits d’étrangers, de rencontres d’un jour. Une mosaïque humaine illustrant la diversité de Londres et de ses résidents. « Cette série pourrait bien être un voyage personnel, une exploration intime. Mais elle est aussi dédiée à ces quelque 56 millions d’habitants qui se demandent ce que cela signifie d’être anglais en 2019 », précise Sam Gregg. Nostalgie, douleur, doute, défiance se lisent dans les regards des personnes capturées. En jouant avec les contrastes, le photographe construit des mises en scène dramatiques et captivantes. Une immersion dans une société en quête de réponses.

© Sam Gregg

L’âme d’East London

East London, ses pubs millénaires, ses maisons de briques rouges, ses cafés-restaurants servant des plats aussi gras que réconfortants… . « Toutes ces institutions emblématiques, datant d’avant la seconde guerre mondiale, sont sur le point de disparaître. La gentrification métamorphose ce quartier depuis une dizaine d’années, cependant East London est toujours considéré comme le cœur ouvrier de la ville », raconte l’artiste. Un lieu situé près de la Tamise, qui promettait à l’époque du travail et des loyers peu onéreux aux cols bleus. Dans la foule de la capitale anglaise, Sam Gregg a sublimé quelques individus ; des anonymes, aux traits frappants, une poignée de protagonistes représentant l’âme de ce quartier. Un hommage au rôle considérable qu’il a joué dans le développement de Londres.

 « Les défenseurs du Brexit utilisent la dissolution de la culture de l’est de Londres comme une raison de quitter l’Union européenne. Je me suis donc plongé dans l’ambiance de ce quartier, afin d’essayer de comprendre mes origines », confie le photographe. Avec patience et persévérance, celui-ci a cherché ses futurs modèles. Un travail de longue haleine, puisque les britanniques sont selon-lui « plutôt timides et réservés ». Pourtant, au fil des rencontres, ses modèles se multiplient, des londoniens aux visages expressifs, touchants. « Lorsqu’on pense au Brexit, on imagine souvent que ce sont les classes ouvrières blanches qui ont voté en masse. Pourtant, ce sont plutôt les classes moyennes blanches qui sont en majorité responsables de la décision finale », déclare l’auteur. East London, quartier historique, aussi fourmillant qu’énergisant demeure avant tout un lieu multiculturel, bercé par de nombreuses traditions et religions. Un mélange d’origines donnant à voir la diversité de l’identité britannique.

© Sam Gregg© Sam Gregg

© Sam Gregg

© Sam Gregg© Sam Gregg

© Sam Gregg© Sam Gregg

© Sam Gregg© Sam Gregg

© Sam Gregg© Sam Gregg

© Sam Gregg

Explorez
Camille Lévêque décortique la figure du père
© Camille Lévêque. Glitch, 2014. Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Camille Lévêque décortique la figure du père
Dans À la recherche du père, Camille Lévêque rend compte de questionnements qui l’ont traversée pendant de longues années....
10 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Pour ses vingt ans, MYOP rend hommage au passé pour mieux se tourner vers l’avenir
Militaires russes en visite sur le site de Chersonèse, Ukraine, 2005 © Julien Daniel / MYOP
Pour ses vingt ans, MYOP rend hommage au passé pour mieux se tourner vers l’avenir
Cette année, MYOP fête ses vingt ans. À cette occasion et dans le cadre des Rencontres d’Arles, les photographes de l’agence...
09 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Kikuji Kawada : la carte infinie d'un Japon en mutation
Endless Map © Kikuji Kawada, Courtesy PGI
Kikuji Kawada : la carte infinie d’un Japon en mutation
Jusqu’au 5 octobre 2025, à l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles, Kikuji Kawada investit l’espace Vague pour une...
09 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Le jury du grand prix Images Vevey 2025-2026 révèle ses lauréat·es
Rotting from Within, Untitled, 2014-2024 © Abdulhamid Kircher
Le jury du grand prix Images Vevey 2025-2026 révèle ses lauréat·es
Ce mardi 8 juillet, à l’hôtel du Forum à Arles, le jury d’Images Vevey a officiellement annoncé ses lauréat·es : ainsi Abdulhamid Kircher...
09 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Camille Lévêque décortique la figure du père
© Camille Lévêque. Glitch, 2014. Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Camille Lévêque décortique la figure du père
Dans À la recherche du père, Camille Lévêque rend compte de questionnements qui l’ont traversée pendant de longues années....
10 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Le Brésil au grand angle
De la série Rua Direita, São Paulo, SP, vers 1970. © Claudia Andujar. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Instituto Moreira Salles.
Le Brésil au grand angle
Climat et transition écologique, diversité des sociétés, démocratie et mondialisation équitable… tels sont les trois thèmes de la saison...
10 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Pour ses vingt ans, MYOP rend hommage au passé pour mieux se tourner vers l’avenir
Militaires russes en visite sur le site de Chersonèse, Ukraine, 2005 © Julien Daniel / MYOP
Pour ses vingt ans, MYOP rend hommage au passé pour mieux se tourner vers l’avenir
Cette année, MYOP fête ses vingt ans. À cette occasion et dans le cadre des Rencontres d’Arles, les photographes de l’agence...
09 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Kikuji Kawada : la carte infinie d'un Japon en mutation
Endless Map © Kikuji Kawada, Courtesy PGI
Kikuji Kawada : la carte infinie d’un Japon en mutation
Jusqu’au 5 octobre 2025, à l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles, Kikuji Kawada investit l’espace Vague pour une...
09 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger