Jusqu’au 17 mai 2025, l’association Achtung Kultur célèbre la création émergente au Consulat général d’Allemagne de Bordeaux. L’exposition 5 von 18 rassemble les travaux de fin d’études de jeunes photographes de la dernière promotion de l’Ostkreuzschule. Dans des approches variées, toutes et tous sondent le monde contemporain en s’intéressant à l’intime.
Cette année encore, en avril, Bordeaux se transforme en un vaste lieu d’exposition. Dans toute la ville, la photographie est célébrée par l’entremise d’accrochages en extérieur comme en intérieur. Parmi eux se comptent notamment 5 von 18, à découvrir au Consulat général d’Allemagne jusqu’au 17 mai prochain. L’association Achtung Kultur, qui s’attache à mettre en lumière la culture germanophone par le biais de diverses initiatives, a investi l’espace pour y présenter les séries de fins d’études de Vincent Wechselberger, d’Anna Streidl, d’Elliott Kreyenbeg, d’Hannah Pieper et de Florian Gatzweiler. Toutes et tous proviennent de la dernière promotion de l’école berlinoise Ostkreuzschule. Malgré des approches disparates, leurs projets offrent une déclinaison de sujets intimes allant de l’expression de la masculinité en prison aux multiples significations que peut avoir une chevelure.
Faire émerger d’autres récits
Dans un couloir du rez-de-chaussée, Vincent Wechselberger dévoile Ready, un projet sur les travailleurs et les travailleuses du sexe queers. Sur les cimaises, leur portrait se conjugue avec des natures mortes qui montrent les essentiels de leur sac à main. Dans ces mises en scène, les modèles attendent leur rendez-vous ou se préparent au son de leur musique préférée, donnant un aperçu de leur quotidien dans des mises en scène étudiées. « Cette série offre une fenêtre sur notre réalité : l’exaltation et la réalisation de soi, ainsi que les luttes et la stigmatisation dont nous faisons l’expérience, explique le photographe qui officie également dans ce milieu. Dans un monde où la sincérité et la franchise semblent insaisissables, ces récits offrent une authenticité brute qui cherche à établir une compréhension et une connexion, en remettant en question les perceptions et les stéréotypes dépassés. »
Pour Räume, die, exposé à quelques pas de là, Florian Gatzweiler s’est également immiscé dans un milieu fermé dont émanent de nombreuses représentations figées : celui des prisons. Au travers de compositions qu’il a réalisées en collaboration avec les détenus, l’artiste s’intéresse à la masculinité en interrogeant les comportements des individus au sein de ces structures. À l’image, ces derniers se font face, s’étreignent, apparaissent dans leur chambre. La reconstitution de ces séquences découle de leurs échanges. Sur certains tirages, un bouquet de fleurs habille le rebord d’une fenêtre quand, dans une salle, des photographies recouvrent un mur. Cette approche permet ainsi de faire émerger d’autres récits. Variation sur le même thème, Elliott Kreyenbeg, qui signe Something Missing, articule son projet autour de la pression et les dérives que peut susciter l’expression de la masculinité.
La beauté de la diversité
À l’étage, Anna Streidl témoigne de son hyperactivité avec Simultan. Les photographies, monochromes pour l’essentiel, recouvrent les murs. Toutes sont reliées par un fil rouge qui se perdrait presque dans cette profusion d’éléments. Cette dernière renvoie à la multitude de pensées qui traversent l’esprit de l’artiste, à son hyperstimulation quotidienne. Afin de donner un autre aspect du trouble de l’attention, au centre de la pièce se trouvent les boîtes des médicaments qui lui ont été prescrits. « En naviguant entre le chaos et la structure, [la série] analyse un processus de travail influencé par le trouble neurobiologique de manière autobiographique. Il vise à permettre au public de s’immerger dans la surcharge continue vécue par les patients souffrant de TDAH », explique-t-elle. L’installation, semblable à un journal intime, offre ainsi la possibilité à celui ou celle qui observe de mieux comprendre cette réalité.
Enfin, dans un dernier espace, Hannah Pieper évoque le sens de la chevelure au moyen de portraits qui sont le fruit de rencontres, au hasard des rues. Comme le souligne l’autrice, les cheveux portent en eux les stéréotypes que véhiculent nos sociétés, mais s’imposent tout autant comme un moyen de s’affirmer. Ils ont également une mémoire, proviennent de nous, poussent en permanence. Tour à tour, des personnes rousses, chauves, arborant des coiffures tressées ou encore des boucles libres habillent les images. Les individus apparaissent tels qu’ils sont véritablement, l’air fier, mettant à mal les carcans esthétiques habituels. Cette démarche rappelle, finalement, toute la beauté de la diversité.