Adam Ekberg ou la fugacité un instant suspendue

25 septembre 2019   •  
Écrit par Julien Hory
Adam Ekberg ou la fugacité un instant suspendue

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Dans ses images, l’artiste Adam Ekberg allie photographie, installation et performance. Une conjugaison toute contemporaine de situations presque improbables.

« J’ai installé mon appareil photo dans mon jardin et, à la grande surprise des voisins, j’ai commencé à lancer des ananas en l’air afin qu’ils génèrent une éclipse. »  Ces mots d’Adam Ekberg, pour qui est habitué à nos curiosités, devraient constituer une entrée en matière savoureuse. Mais derrière ses installations loufoques, ces inventions dignes de Vil Coyote, se cache une vraie réflexion sur l’instant et une volonté assumée de la performance. L’artiste installé dans le New Jersey, aux États-Unis, fait preuve d’une exigence redoutable dans la conception de ses mises en scène.

Pour qu’un évènement se produise, Adam Ekberg travaille ses performances très en amont. De l’idée à l’esquisse, de la réalisation au résultat final. « Mes photographies commencent sous forme de croquis que j’épingle au mur de mon studio, explique-t-il. Puis je fais le nécessaire pour que la situation imaginée se déclenche.» Le photographe entrevoit son processus de création comme un jeu. Trois règles s’imposent : aucun trucage à la prise de vue (la caméra est un témoin), les situations doivent être générées par l’artiste seul, et la photo obtenue doit refléter le dessin originel.

© Adam Ekberg

L’éphémère de l’action et du geste

« Toutes mes images partagent une même recherche autour de l’absence et de la présence, analyse Adam Ekberg. Elles expriment également les contradictions entre l’éphémère de l’action et du geste, et la permanence statique du moment photographique. » Ses questionnements viennent de son expérience en tant qu’assistant-hospitalier auprès de personnes séropositives et atteintes du Sida. « Être assis près de quelqu’un au moment de sa mort reste l’expérience la plus puissante de ma vie. J’ai senti que ce moment n’était pas représentable, alors j’ai essayé de trouver un langage pouvant transcrire cette fragilité humaine. »

Il est vrai que les clichés d’Adam Ekberg questionnent la présence humaine et ses modalités d’action. Nous aimerions voir le hors-champ, découvrir le dispositif qui a conduit à l’instant précis recherché par l’artiste. Si certaines installations jouent avec l’équilibre des objets comme dans Bic Lighter, Banana and Cocktail Umbrellas, d’autres captent la fugacité du mouvement visible, par exemple, dans Lawn Chair Catapult. Ainsi se mettent en place des saynètes en forme de petits contes surréalistes et poétiques qui convoquent l’imaginaire du spectateur.

 

© Adam Ekberg

© Adam Ekberg

© Adam Ekberg

© Adam Ekberg

© Adam Ekberg© Adam Ekberg

© Adam Ekberg© Adam Ekberg

© Adam Ekberg

Explorez
Volcan, clip musical et collages : nos coups de cœur photo d’août 2025
© Vanessa Stevens
Volcan, clip musical et collages : nos coups de cœur photo d’août 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
29 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Contenu sensible
Focus #80 : Sofiya Loriashvili, la femme idéale est une love doll
06:31
© Fisheye Magazine
Focus #80 : Sofiya Loriashvili, la femme idéale est une love doll
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Alors que sa série Only You and Me se dévoilera prochainement sur les pages de Sub #4, Sofiya...
27 août 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La sélection Instagram #521 : monstres et merveilles
© Jean Caunet / Instagram
La sélection Instagram #521 : monstres et merveilles
Les monstres, les créatures étranges et hors normes sont souvent associés au laid, au repoussant. Les artistes de notre sélection...
26 août 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 18 août 2025 : textures, flash et natures mortes
© Luke Evans
Les images de la semaine du 18 août 2025 : textures, flash et natures mortes
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous proposent de sujets faisant la part belle à la texture, parfois...
24 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dans l’œil de Valentine de Villemeur : un réfrigérateur révélateur
© Valentine de Villemeur
Dans l’œil de Valentine de Villemeur : un réfrigérateur révélateur
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Valentine de Villemeur. La photographe a consigné le parcours de sa procréation...
Il y a 1 heure   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #557 : Jeanne-Lise Nédélec et  Stéphanie Labé
Respirer © Jeanne-Lise Nédélec
Les coups de cœur #557 : Jeanne-Lise Nédélec et Stéphanie Labé
Jeanne-Lise Nédélec et Stéphanie Labé, nos coups de cœur de la semaine, voient dans les paysages naturels un voyage introspectif, une...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 25 août 2025 : Palestine, puissance des femmes et fin de l'été
La mer dévore les tentes des déplacé·es, Bande de Gaza, Palestine, 2024 © Moayed Abu Ammouna
Les images de la semaine du 25 août 2025 : Palestine, puissance des femmes et fin de l’été
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes publiés sur les pages de Fisheye s’emparent de divers sujets. Ils et elles...
31 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Inuuteq Storch : une photographie inuit décoloniale
Keepers of the Ocean © Inuuteq Storch
Inuuteq Storch : une photographie inuit décoloniale
Photographe inuit originaire de Sisimiut, Inuuteq Storch déconstruit les récits figés sur le Groenland à travers une œuvre sensible et...
30 août 2025   •  
Écrit par Costanza Spina