Adrien M et Claire B : créateurs d’arts visuels vivants

Adrien M et Claire B : créateurs d’arts visuels vivants

Du 18 au 29 février, les Ateliers Médicis organisent Acqua Alta, un événement regroupant exposition, expériences, master class et ateliers autour de l’art numérique. Leurs invités d’honneur ? Adrien M et Claire B, qui y présentent une œuvre minimaliste et graphique, déclinée en trois formats.

Dans une maison, une femme et un homme vivent un quotidien tumultueux. Un jour, une pluie diluvienne fait chavirer leur vie : alors que l’eau monte, la femme glisse, et disparaît. D’elle il ne reste que ses cheveux, et l’homme, resté seul. Aussi poétique qu’absurde, l’histoire d’Acqua Alta évoque un récit universel : celui de la perte. Un conte graphique, réalisé par le duo d’artistes visuels Adrien M et Claire B.

Les deux auteurs se sont rencontrés il y a dix ans et ne cessent depuis de construire des mondes minimalistes et oniriques. « Nous avons vite senti que si nous avions des intérêts communs, nos approches, elles, étaient complémentaires, confient-ils. Travailler ensemble nous a ouvert le champ des possibles. En dix ans, nous nous sommes peu donnés de limites et avons expérimenté avec de nombreux formats : de l’infiniment petit au gigantesque. » Nouvelle création ambitieuse, Acqua Alta se lit comme une histoire racontée de trois manières différentes : un ouvrage pop-up lisible en réalité augmentée (La traversée du miroir), une expérience de réalité virtuelle (Tête à tête), et une performance mêlant danse et art numérique (Noir d’encre). « Il est essentiel que les arts se rencontrent, déclare le duo. Nous aimons troubler les frontières entre le spectacle, la performance et le réel. La présence du corps est transversale dans notre travail : nos images ne prennent vie que grâce à lui. »

© Romain Etienne / item

© Romain Etienne / item

Au cœur de l’expérience

Épurées, les trois branches d’Acqua Alta témoignent de ce désir de placer l’Homme au cœur du numérique. Dans La traversée du miroir, les dessins, réalisés à l’encre de Chine, calquent les mouvements des danseurs. Une performance intimiste – écho miniature à Noir d’encre – que le regardeur peut observer à l’aide d’une tablette. « C’est l’aspect miraculeux du pop-up : tout un univers peut tenir dans une valise. En une dizaine de pages, et une dizaine de décors, nous avons réalisé le spectacle le plus petit du monde », expliquent Adrien et Claire.  Tête à tête propose ensuite une immersion dans l’action : à l’aide du casque VR, les personnages et l’univers de cette maison noyée semblent nous faire face. « Notre objectif ? Raconter la même histoire, donner la même énergie, avec trois axes différents. Le spectateur peut choisir entre plusieurs points de vue, et percevoir différents aspects d’un même récit », précisent-ils.

Avec une justesse désarmante, les deux artistes parviennent à construire un univers à part, où ordinateur et corps fusionnent, se déploient avec passion et attirent le spectateur au cœur de la catastrophe. « Avec l’avènement du numérique, les visiteurs changent : ils veulent être plongés au cœur des expériences. C’est le risque de ces outils, ils peuvent inciter à créer des œuvres “bavardes”. Nous souhaitons garder une certaine sobriété, et ne pas nous laisser piéger par tous les effets techniques possibles et disponibles ». À une époque où l’art digital se démocratise et attire le grand public, Adrien B et Claire M font l’éloge d’une création plus personnelle. Une approche profondément sensible. « Il est temps que tous les artistes numériques ne soient pas mis dans le même panier. Il s’agit d’une branche d’art, aussi complexe que la peinture, avec ses courants et ses esthétiques », rappellent-ils. Avec Acqua Alta, ils signent une fois de plus une réalisation chimérique, faisant dialoguer tendresse et savoir-faire. Un pari réussi.

 

Acqua Alta

Jusqu’au 29 février

Ateliers Médicis, 4 allée Françoise Nguyen, 93390 Clichy-sous-Bois

 

Le 26 février à 14h30, une master class animée par Adrien M et Claire B, ainsi qu’un atelier autour de la réalité augmentée seront organisés. Inscription au 0158311100 ou par mail à participer@ateliersmedicis.fr.

© Adrien M et Claire B© Adrien M et Claire B

© Adrien M et Claire B

© Romain Etienne / item

© Romain Etienne / item© Romain Etienne / item

© Romain Etienne / item

© Romain Etienne / item

Image d’ouverture : © Romain Etienne / item

Explorez
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un...
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Gangs de chats, pigeons dérobés ou espions : ces séries de photos sur les animaux
© Chloé Lamidey
Gangs de chats, pigeons dérobés ou espions : ces séries de photos sur les animaux
Chiens, chats, ours, éléphants ou encore pigeons, apprivoisés, sauvages ou même espions, parmi les séries présentées sur les pages de...
23 juillet 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Onironautica : les rêves lucides, l’IA des êtres humains
© Ludivoca De Santis
Onironautica : les rêves lucides, l’IA des êtres humains
Collections d’images venues de rêves lucides, Onironautica de Ludovica De Santis interroge, au travers de mises en scène intrigantes...
19 juillet 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Le Jardin du Lunch : les boulettes de Proust
© Pascal Sgro
Le Jardin du Lunch : les boulettes de Proust
Entre nostalgie et humour, le photographe belge Pascal Sgro saisit, dans sa série en cours Le Jardin du Lunch, la bienveillante laideur...
19 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
© Cait Oppermann
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
Ce vendredi 26 juillet est marqué par la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. À cette occasion, nous vous...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
© Iwane Ai. A New River series, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
À l’occasion des dix ans du Festival, Kyotographie investit les Rencontres d’Arles pour la première fois. L’exposition...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un...
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
© Robin de Puy
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
L'exposition Waters & Meer - Robin de Puy revient sur deux séries de la photographe néerlandaise. Un hommage aux populations rurales...
25 juillet 2024   •  
Écrit par Costanza Spina