Äimärautio : Kati Leinonen retrace le quotidien d’un centre équestre finlandais

12 septembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Äimärautio : Kati Leinonen retrace le quotidien d’un centre équestre finlandais
© Kati Leinonen
Photographie de Kati Leinonen montrant une cavalière en Finlande
© Kati Leinonen

Dans Äimärautio, Kati Leinonen raconte l’histoire du lieu du même nom, situé dans sa ville natale, en Finlande, qui est consacré aux sports équestres. Au fil des photographies se découvre le quotidien des personnes qui le font vivre. 

En Finlande, les cavalières et cavaliers le savent déjà. Äimärautio est la plus ancienne piste de trot du pays à demeurer sur son site d’origine. En un siècle d’existence, celle-ci a beaucoup évolué. Entre autres choses, la zone qui l’entoure s’est enrichie d’écuries, d’une clinique vétérinaire, de manèges et même d’un centre voué à démocratiser cette discipline. Kati Leinonen connaît bien ces lieux qui ont accueilli les premières leçons qu’elle a suivies, à l’âge de 7 ans, et où vit aujourd’hui son cheval. « À l’époque, il n’y avait que l’écurie de l’école d’équitation au milieu de la piste », se souvient-elle. Formée à la photographie et à l’audiovisuel au London College of Printing puis à l’université de Laponie, l’artiste souhaitait rendre hommage à la communauté qui anime cet endroit au quotidien. « Je trouve fascinant que des personnes issues de milieux sociaux et idéologiques si différents soient rassemblées et unies grâce aux chevaux », confie-t-elle.

Sobrement nommée Äimärautio et entamée dès 2016, la série s’articule autour des émotions et des histoires banales qui surviennent au sein du milieu équestre et le transcendent même. « Ce projet s’adresse à celles et ceux qui s’intéressent aux petites histoires humaines », souligne ainsi Kati Leinonen. Comme pour tout être cher, la joie de côtoyer ces animaux se conjugue à la crainte et la tristesse de les voir tomber malade ou de les perdre. L’excitation et la déception des jours de compétition se lisent également dans les images. « Je réfléchis au dévouement et à l’engagement total des gens pour leurs chevaux. Ils ont tendance à leur consacrer tout leur temps libre et à faire des sacrifices pour d’autres aspects de leur vie, remarque la photographe. Je comprends parfaitement l’intérêt de se lever à 6 heures du matin pour aller travailler à l’écurie, même s’il fait -30°C à l’extérieur, qu’il fait nuit noire et qu’il y a du verglas en hiver. Mais il faut vraiment aimer ce mode de vie pour ne pas s’en lasser. »

Photographie de Kati Leinonen montrant la crinière d'un cheval
© Kati Leinonen
Photographie de Kati Leinonen montrant un tatouage de cheval sur une cuisse
© Kati Leinonen

Faire partie d’une communauté

Pour rendre compte de cette réalité, Kati Leinonen a conçu Äimärautio à partir de trois types d’images : des paysages, des portraits et des cadrages serrés sur les chevaux. Tantôt dans des nuances froides, tantôt dans des nuances vives, l’ensemble propose des fragments de vie, saison après saison. Une fresque se dessine et traduit le temps long, suggère un cycle qui se répète inlassablement. Hannamari Shakya, éditrice de Raw View Editions, a accompagné l’artiste lors des ateliers qu’elle organisait alors. « J’ai bénéficié d’un soutien et de discussions critiques autour du travail qui m’ont aidée dans le processus. J’ai fini par publier la série sous la forme d’un livre et j’ai réalisé une exposition au musée d’art d’Oulu et, en partie, au musée finlandais de la photographie. Il était intéressant d’aboutir simultanément à deux résultats différents à partir du même matériel », déclare notre interlocutrice. 

En contrepoint, cette démarche documentaire qu’elle affectionne tout particulièrement l’a encouragée à surmonter sa timidité pour aller au-devant des membres de ce vaste centre équestre, qu’elle n’osait aborder jusque-là. « Au cours de ce projet, j’ai réalisé des portraits de personnes directement après leur sortie de la piste de compétition ou après d’autres charges émotionnelles lourdes », explique-t-elle. Afin d’asseoir sa légitimé, Kati Leinonen a également eu recours à l’autoportrait. L’un de ceux qu’elle a composés figure d’ailleurs sur la couverture de l’ouvrage. « J’ai appris à me connaître en tant que photographe et j’ai compris l’importance d’être présente dans la communauté, de faire partie du phénomène que je dépeins. Le lien personnel est un élément essentiel de mon processus créatif. J’ai l’impression que la photographie me relie aux gens et me connecte au monde, un peu comme les chevaux nous ancre dans la réalité et le moment présent », conclut-elle.

Raw View Editions
140 pages
45 €
Photographie de Kati Leinonen montrant un paysage entouré d'eau en Finlande
© Kati Leinonen
Photographie de Kati Leinonen montrant une cavalière en Finlande
© Kati Leinonen
Autoportrait de Kati Leinonen en tenue de compétition d'équitation.
© Kati Leinonen
Photographie de Kati Leinonen montrant des herbes enneigées en Finlande
© Kati Leinonen
Photographie de Kati Leinonen montrant un centre équestre la nuit, pris au flash
© Kati Leinonen
Photographie de Kati Leinonen montrant un cheval blessé
© Kati Leinonen
Photographie de Kati Leinonen montrant un cavalier en Finlande
© Kati Leinonen
Photographie de Kati Leinonen montrant un paysage de forêt boueux en Finlande.
© Kati Leinonen
À lire aussi
« Un dialogue contrasté, entre l’homme et le cheval »
« Un dialogue contrasté, entre l’homme et le cheval »
Dans le cadre de la résidence PMU 2018, Julien Magre s’est immergé dans l’univers hippique. Il porte avec son ouvrage La robe et la main…
29 novembre 2018   •  
Écrit par Anaïs Viand
« Kok Boru » : un sport brutal et des joueurs attendrissants
« Kok Boru » : un sport brutal et des joueurs attendrissants
Passionné par les cultures et pays étrangers, Théo Saffroy s’est rendu au Kirghizistan, nation d’Asie centrale. À travers Kok Boru…
21 juillet 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Explorez
À l'Abbaye de Jumièges, la Tunisie tisse son histoire
Série « Intimité brodée », projet « Woven Window », 2024 © Asma Ben Aïssa
À l'Abbaye de Jumièges, la Tunisie tisse son histoire
Célébrant dix ans de coopération avec la Tunisie, le département de la Seine-Maritime met en lumière le travail de onze artistes de la...
28 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Mondes en commun : le musée Albert Kahn sème un inventaire photo dans son jardin
Siân Davey, The Garden XXIII, 2023
Mondes en commun : le musée Albert Kahn sème un inventaire photo dans son jardin
Jusqu’au 7 septembre 2025, le musée Albert Kahn présente la deuxième édition de son festival de photographie contemporaine Mondes en...
23 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Ed Alcock remporte l'édition 2025 du prix Niépce Gens d'images
© Ed Alcock / MYOP
Ed Alcock remporte l’édition 2025 du prix Niépce Gens d’images
Le prix Niépce Gens d’images vient de révéler le nom de son 70e lauréat : il s’agit d’Ed Alcock. Au fil de ses projets, le photographe...
22 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les métiers de la photographie : Le tirage, un art de l'ombre
© Estelle Hanania Styliste : Léopold Duchemin pour Acne Studios. Set design : Alice Kirkpatrick.
Les métiers de la photographie : Le tirage, un art de l’ombre
Quand on parle de photo, on pense d’abord aux auteur·ices. Mais il y a celles et ceux qui rendent leurs images visibles : les...
22 mai 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Sidewalk Stills © Charles Negre
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Dans Sidewalk Stills, le photographe français Charles Negre offre un regard sensible sur les déchets qui parsèment les sols des marchés...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Thomas Paquet : « imposer une économie de gestes »
© Thomas Paquet. Vignettage
Thomas Paquet : « imposer une économie de gestes »
À l’occasion du Paris Gallery Weekend, la Galerie Thierry Bigaignon présente, jusqu’au 31 mai 2025, une exposition personnelle de...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Fabrice Laroche
instax Wide Evo™ : l’alchimie instantanée selon Mathias Benguigui et Jonathan Bertin
© Jonathan Bertin
instax Wide Evo™ : l’alchimie instantanée selon Mathias Benguigui et Jonathan Bertin
Avec son nouveau boîtier instantané, instax™ de Fujifilm propose une promesse audacieuse : faire de chaque cliché un chef-d’œuvre. Afin...
28 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas