Dans son second livre, Apiary, Robin Friend poursuit son exploration des étrangetés de la culture britannique. En photographiant les festivités sauvages de la Guy Fawkes’ Night, il interroge en réalité les idées de démocratie, d’identité et de cohésion, dans un monde toujours plus en proie à l’instabilité.
Comme chaque année, dans la nuit du 5 novembre, une inquiétante atmosphère plane à Lewes, ville du sud-est de l’Angleterre. De petits groupes se rassemblent, cachés dans les ténèbres, des barricades sont érigées, les visages guettent la première étincelle, puis le brasier s’enflamme. Nous sommes au cœur de la Guy Fawkes’ Night, une fête typiquement britannique, qui célèbre l’anniversaire de la Conspiration des poudres, tentative échouée de faire sauter le parlement en 1605. Dans Apiary, Robin Friend utilise cet événement au climat insurrectionnel, où chacun·e cherche à transgresser l’ordre établi, comme toile de fond pour questionner les limites de nos démocraties. Ses images noir et blanc nous emportent dans un va-et-vient cinématographique allant de l’individu avec des cadrages serrés, aux scènes de foules gagnées par l’esprit de protestation. Le feu, omniprésent et symbole de notre domination sur la nature, est son fil conducteur.
Après Bastard Countryside, qui traitait de la lutte entre cette dernière et l’humanité, confrontant les ruines de notre civilisation dans les paysages pastoraux de la Grande-Bretagne, Robin Friend continue de creuser le sillage de ses obsessions. « À bien des égards, je considère Apiary comme un prélude à mon premier livre. J’y pose des questions dystopiques similaires, mais au lieu d’explorer notre lien avec le non-humain, cette série s’intéresse à notre relation avec la société et ce à quoi elle ressemble lorsque les choses commencent à s’effondrer. Ce n’est pas le rideau final, juste un petit aperçu de ce qui se passe derrière », explique-t-il.