Approche 2021 : Expérimenter, pour témoigner de notre monde

12 novembre 2021   •  
Écrit par Anaïs Viand
Approche 2021 : Expérimenter, pour témoigner de notre monde

Le marathon continue en cette semaine dédiée au 8e art, et il vous reste moins de trois jours pour découvrir le salon Approche ! Un rendez-vous parisien incontournable qui plaira aux amoureux de l’image et de l’expérimentation. Vous hésitez encore ? Immersion dans l’univers de nos trois photographes coups de cœur. 

« Nous avons franchi un cap important avec cette 5e édition qui démontre que son format singulier, à rebours des modèles existants, séduit collectionneurs, amateurs, artistes et galeries participants, et professionnels de l’art contemporain », annonce Emila Genuardi, fondatrice et directrice de l’événement. Et pour marquer cette année, elle a invité cinq curateurs, pouvant chacun présenter un ou deux artistes. L’objectif ? « ouvrir de nouveaux horizons, provoquer de nouvelles rencontres, tisser des liens ». Le lien, le fil conducteur de ce salon qui réunit en un même lieu – l’hôtel particulier le Molière – performance, sculpture, et autres expériences scientifiques. Là-bas, le 8e art sort des cadres, et ouvre des champs de réflexion infinis sur le médium comme sur l’état d’expérimentation. « Les artistes sélectionnés cette année sont le reflet de préoccupations majeures de beaucoup de leurs contemporains », précise la cheffe d’orchestre. Point de suspens, cette nouvelle édition du salon Approche est une réussite. La preuve en images, avec nos trois photographes coups de cœur : Sylvie Bonnot, Grégoire Eloy, et Ilanit Illouz. 

 

La peau du monde

Ce qui anime Sylvie Bonnot ? L’espace et sa conquête. Mythe ou désir d’ailleurs ? Une chose est certaine, l’artiste représentée par la Ségolène Brossette galerie questionne la preuve scientifique par l’image. Et pour ce faire, elle se rend sur le terrain – depuis le CNES jusqu’à Baïkonour, au Kazakhstan (ancien site de l’industrie aéronautique soviétique) en passant d’ici quelques semaines par la Guyane – base de lancement du Centre Spatial dédié à la fusée Soyouz. Et de retour en Bourgogne, elle travaille ses territoires. Brulage de négatif, incisions ou encore froissage et « desquamation » ( élimination des couches superficielles de l’épiderme, sous forme de petites lamelles, ici du tirage…) Rien n’arrête l’artiste qui transpose ensuite cette « mue » sur d’autres supports. « Les pièces sélectionnées pour Approche rendent compte de la richesse de sa pratique expérimentale qui, au sens propre comme au figuré, donne à voir la peau du monde », explique Étienne Hatt, le curateur qui l’a présentée. 

© Sylvie Bonnot / courtesy Ségolène Brossette Galerie© Sylvie Bonnot / courtesy Ségolène Brossette Galerie

© Sylvie Bonnot / courtesy Ségolène Brossette Galerie

« Le rapport d’échelle se brouille avec vertige pour mieux nous amener à ressentir une notion d’origine. Il redessine une géométrie qui tend à l’abstraction ; le choc instantané de la contemplation s’éprouve voire s’épreuve », annonce Caroline Stein, la curatrice ayant présenté Grégoire Eloy. Failles, glaciers, montagne… Le photographe autodidacte, membre du collectif Tendance Floue nous parle aussi (et surtout) des traces de l’homme dans notre monde en sursis. Depuis une dizaine d’années, il questionne notre rapport à l’environnement à travers un spectre scientifique, ô combien esthétique. Amorcé dans les Alpes pour le projet de Tendance Floue Fragiles, il a poursuivi ses explorations dans les Pyrénées à l’occasion de la Résidence 1+2. En résulte De Glace, une enquête photographique sur la science de la matière – la glaciologie et les sciences connexes de la neige et de l’eau en altitude. 

© Grégoire Eloy / Fragiles / Tendance Floue

© Grégoire Eloy / Fragiles / Tendance Floue

Dans Les Dolines, Ilanit Illouz aborde lui aussi le dérèglement climatique. Le photographe parisien représente par la Galerie Fontana nous emporte dans le désert de Judée, entre Jérusalem et Jéricho, à proximité de la Mer Morte. Un territoire devenu zone lunaire suite à l’assèchement d’un lac, rongé par le sel. Élément destructeur, le sel devient moteur de création puisque l’artiste l’utilise afin de fossiliser ses tirages. Devant ses images devenues sculptures scintillantes, la contemplation s’impose. Une réflexion intéressante sur la valeur du minéral, à l’heure où les ressources sont menacées. Sur les pas de Baudelaire, Edward Burtynsky, et Grégoire Eloy, il sublime notre monde en pleine dérive… 

© Ilanit Illouz / courtesy Galerie Fontana© Ilanit Illouz / courtesy Galerie Fontana

© Ilanit Illouz / courtesy Galerie Fontana

Et ne manquez pas la performance inéditeThe Guardians of Sleep signée David Weber-Krebs.Du vendredi 12 au dimanche 14 novembre 2021Entrée libre, sur réservation

Image d’ouverture © Grégoire Eloy / Fragiles / Tendance Floue

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