Du 30 juin au 22 octobre, les Magasins Généraux présentent Après l’éclipse, une exposition qui se veut un manifeste de la scène contemporaine émergente réunissant dix artistes parmi les plus prometteuses et prometteurs de leur génération.
Après l’éclipse c’est le manifeste d’une scène artistique émergente, mais aussi et surtout un portrait de famille d’un groupe d’artistes qui a développé, au fil des années, un rapport d’entraide et de respect mutuel. C’est dans l’adelphité qu’iels travaillent, entre Paris et Marseille, en grandissant ensemble. Depuis quelques années, iels surprennent l’art contemporain en dépoussiérant ses codes et ses institutions et injectent un nouveau sens de la lutte dans un monde de plus en plus violent et intolérant. L’exposition, dont la curation est l’œuvre d’Anna Labouze et Keimis Henni, donne une large place à des récits puissants et visibilise le quotidien et les préoccupations de toute une jeunesse originaire des périphéries. La vie dans les quartiers y est exprimée au prisme de ses joies et de ses cicatrices. Les questions d’identités et de métissage sont au cœur de la réflexion, ainsi que les cultures et vécus des diasporas d’anciennes colonies, la relecture et réappropriation des symboles et récits historiques, les relations aux mythes et à la spiritualité, les transmissions intergénérationnelles… Autant de sujets que ces conteuses et conteurs de l’intime évoquent en puisant dans leurs histoires de famille, d’amour et d’amitié.
L’utopie : une certitude d’avenir
Entre utopies et contes fantastiques, les artistes d’Après l’éclipse s’émancipent de l’esthétique de la dystopie pour imaginer des futurs révolutionnaires. Le cinéaste Valentin Noujaïm nous transporte ainsi dans des univers étrangers, merveilleux, où le queer devient espoir et levier du monde à venir. Animé par des questions sociales, post-coloniales et par les rapports de domination qui opèrent dans notre société, l’artiste élargit nos regards et active nos synapses pour proposer des nouveaux paradigmes. L’œuvre de Zine Andrieu dépeint des chocs culturels au travers d’installations, d’objets, de performances, de vidéos ou de pièces sonores. Ses récits se développent dans des mondes fictionnels, mélangeant du rap, des mangas, de la science-fiction et de la spiritualité religieuse. En produisant un discours méta sur son propre travail, l’artiste se demande comment introduire la réalité des quartiers populaires au sein de la culture « légitime ». Une quête de place et d’identité, au sein d’un entre deux parfois déchirant. Silina Syan, elle aussi, questionne la notion d’hybridité et d’entre deux, en plongeant dans les différentes communautés qu’elle côtoie. Son œuvre est liée à ses différentes origines – bengalie, arménienne et française – et à ses souvenirs d’enfance. Elle est peuplée d’éléments kitsch et populaires, en quête de nouvelles mythologies fantastiques qui incarnent les récits des diasporas. Aux côtés de ces trois artistes, nous retrouvons Neïla Czermak Ichti, Ndayé Kouagou, Rayane Mcirdi, Ibrahim Meïté Sikély, Christelle Oyiri, Lassana Sarre, et Seumboy Vrainom : €. Chacun et chacune de ces artistes s’emparent avec détermination de l’utopie pour la sortir de son statut d’impossibilité et la transformer en une certitude.