
« Je suis née en Galice, à la frontière entre l’Espagne et le Portugal, dans le village d’A Guarda. Vous traversez une rivière et vous êtes une heure plus tard dans un autre pays. Cette possibilité m’a toujours donné envie de tout voir des deux côtés. Mon identité créative est influencée par le temps suspendu. J’ai besoin de vivre près de l’eau et de la musique pour faire fonctionner ma tête », écrit Arancha Brandón. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, le médium photographique a toujours plus ou moins fait partie de son quotidien. Petite, vivant au contact des espaces verts et de la mer, elle passait des heures dans le magasin de décoration et de lumière de sa mère, faisant ses devoirs, l’aidant à arranger les comptoirs, mémorisant les types d’ampoules et l’accompagnant pour visiter des maisons à décorer… Un lieu chargé d’une grande symbolique créative, ayant développé chez elle un goût prononcé pour les esthétiques particulières et le détail. Aujourd’hui photographe et réalisatrice, elle crée en accord avec ses institutions, cherchant à ouvrir ses champs de prédilection, ne se contraignant pas à un type d’images. Elle explore, effleure l’étrange et la douceur, éveille les textures en couleurs, magnifie les corps des modèles qu’elle capture. « J’aime capturer ce que j’aime. Le désir n’est pas quelque chose que je peux choisir. J’explore et je ne pense pas à des concepts romantiques ou à des stéréotypes sur la beauté. Mon travail personnel s’apparente davantage à un journal intime. Mes photos sont totalement perméables à ce que je suis et à ce que je vis dans le moment présent. Je ne choisis pas ma sensibilité ». Entre mode, natures mortes gluantes et portraits cinématographiques, les images d’Arancha Brandón empruntent à plusieurs genres pour accéder à l’original, à ce qui nous interpelle et nous fascinent sans que l’on ne sache vraiment pourquoi. « Mon univers est un terrain de jeu. Il est contradictoire, à la fois dans le calme et dans le mouvement », conclut-elle.











