Cette semaine, Brigitte Patient dresse le portrait de deux photographes. Il y a d’abord Ferhat Bouda qui a documenté la Kabylie et la culture berbère et Lise Sarfati qui revient sur trois de ses séries.
Ferhat Bouda trouve son premier appareil photo en vidant un appartement. « Je l’ai pris, je l’ai nettoyé puis j’ai appris la technique de base », raconte Ferhat Bouda qui est aujourd’hui représenté par l’agence VU et publié en Allemagne, en France et en Algérie. Outre son parcours, ils reviennent sur son sujet favori. Ce dernier à documenter la Kabylie et la culture berbère aux quatre coins du monde : France, Europe ainsi qu’au Maroc, en Égypte ou encore au Burkina Faso et au Niger. Dans ses puissants clichés noir et blanc, on y découvre l’importance des femmes. « Elle a joué le rôle du père, du grand-père et de la mère. Elle représente la femme », précise-t-il au sujet d’un portrait de sa grand-mère. Autre image évoquée ? Le portrait d’une femme avec un enfant sur le dos : « la mère symbolise le passé, le présent et le futur ». Un sublime voyage dans le passé qu’il conclut avec reconnaissance. « Je remercie ces peuples qui m’ont ouvert leur porte et leur cœur ».
© Ferhat Bouda
Deuxième personnalité au micro de Brigitte Patient : la photographe française Lise Sarfati qui vit entre Paris et Los Angeles. L’artiste revient sur Oh Man, un projet questionnant le mouvement et la distance. Réalisé à la chambre, ce travail intègre une typologie verticale. « J’ai beaucoup travaillé sur la distance entre moi-même, mon appareil et le sujet », confie la photographe. Impossible de fair l’impasse sur le rapport à la lumière. « J’ai utilisé le soleil. Il s’agit d’un élément exceptionnel en Californie. Il irradie les scènes (…) Il est une prise de position », précise la photographe. Oh Man est l’occasion d’évoquer l’importance du spectateur – « le regarder, le viewer… » dans ses images. « Je considère la photographie comme étant un objet, un objet qui vit grâce à la personne qui le regarde », explique Lise qui avoue être allée aux États-Unis car le paysage lui semblait simplifié. « Le personnage en devenait plus important », ajoute-t-elle.
Elles évoquent ensuite She, un travail évoquant la figure et l’identité féminine à travers quatre femmes issues de la même famille – la mère, la sœur et les deux filles. Lise dévoile d’ailleurs quelques éléments de son processus de création : « j’ai passé une journée par an et avec chaque femme ».
Focus enfin sur une série qui a fait sa renommée : La vie nouvelle. Un projet représentant de jeunes gens « très proches de leur quotidien et en pleines actions minimales ».
Oh Man © Lise Sarfati