Cette semaine, Brigitte Patient rencontre deux photographes. Alain Keler présente son ouvrage Journal d’un photographe, tandis que Stephen Dock revient sur son projet Architecture de la violence.
Journal d’un photographe
, monographie d’Alain Keler revisitant quarante ans de carrière, est sortie en novembre aux éditions de Juillet. D’abord photojournaliste, membre de l’agence Stygma, Alain Keler a voyagé dans le monde entier pour couvrir l’actualité. « Je travaillais en couleur, avec des objectifs grand-angles, se souvient-il. Mais j’avais toujours un Leica 35 mm sur moi, pour faire des photos plus proches de ma sensibilité. »
En 200 photos, accompagnés de textes, Journal d’un photographe présente un panorama de l’œuvre d’un photographe plaçant l’humain au cœur de son travail. Parmi les clichés, on retrouve des portraits touchants de ses parents. « La photo les a gardés vivants, confie Alain Keler. Et, grâce à ce livre, ils sont immortels ». Une magnifique collection, à découvrir également dans Fisheye #33.
© Alain Keler
Photographier la violence
Dialogue, ensuite, avec Stephen Dock, un jeune photographe de 29 ans. Finaliste du Prix Leica Oscar Barnack, il expose actuellement, au Leica Store de Paris, Architecture de la violence. Stephen Dock a commencé très tôt le reportage en zone de conflit, du Venezuela au Liban, en passant par le Mali. À seulement 22 ans, il s’est rendu en Syrie. « C’était un véritable défi, car personne n’avait réussi à entrer dans le territoire à ce moment-là », précise-t-il. Là-bas, il fait la rencontre de Gilles Peress, qui devient son mentor.
Architecture de la violence marque une période difficile dans la carrière de Stephen Dock. « En arrivant en Irlande du Nord, je n’étais plus capable de photographier sans armes ni morts », explique-t-il. Il s’interroge alors : comment photographier la violence, sans capturer les actes violents ? Un travail tout en subtilité.
© Stephen Dock