Cette semaine, Brigitte Patient découvre l’installation photographique d’Alain Willaume au Théâtre national de La Colline, ainsi que Je pense que vous devez être plusieurs, une exposition de Vincen Beeckman au Château d’Eau, à Toulouse.
À l’invitation de Wajdi Mouawad, directeur du Théâtre national de la Colline, le photographe Alain Willaume a investi le lieu culturel. Une installation intitulée Mélancolie des Collines. Dans le théâtre, les photographies sont devenues des espaces dans lesquels se faufiler, déambuler, puisqu’elles collent à l’architecture. Sur l’une des colonnes de l’entrée, un cliché représentant des branches. « Je devais réaliser des vues typiques d’une région, explique Alain Willaume. Mais l’idée ne m’a pas beaucoup plu, je l’ai donc réalisée les yeux bandés. J’ai fait arrêter quinze fois la voiture, mon appareil sur un pied, et je descendais pour prendre une photo. Durant l’une d’elles, je suis tombé dans la forêt. »
En parallèle de cette installation, sort Coordonnées 72/18, une monographie de l’artiste, aux éditions Xavier Barral. Un ouvrage abritant des « photographies-énigmes ». Si le photographe n’aime pas les légendes et préfère encourager le lecteur à imaginer sa propre histoire, il a ajouté, à la fin du livre, un « dévoilement des images ». Récit de ce qui lui est arrivé lors des prises de vue.
© Alain Willaume
Arraché à la vie de tous les jours
Direction, ensuite, le Château d’Eau, à Toulouse, qui accueille Je pense que vous devez être plusieurs, de Vincen Beeckman. Ce photographe belge de 46 ans vit et travaille à Bruxelles. Il a été découvert par Jean-Marc Lacabe, directeur du pôle photographique du Château d’Eau, et signe, en cette nouvelle année, sa première exposition en France.
« C’est un personnage un peu singulier, qui photographie des choses et des gens sans importance », explique Jean-Marc Lacabe. En découvrant les clichés de Vincen Beeckman, on est surpris par cette esthétique brute, comme arrachée à la vie de tous les jours. « Ce sont des prises de vue très simples, en lumière naturelle. L’accumulation des images donne un côté surréaliste. Touchant, toujours, et parfois amusant », précise le directeur du Château d’Eau. Une exposition à découvrir jusqu’au 17 mars 2019.
© Vincen Beeckman
Image d’ouverture : © Alain Willaume