Cette semaine, Brigitte Patient revient sur la photographie favorite de Sophie Daull, écrivaine. À Strasbourg, elle découvre l’exposition Ukraine, de Maïdan à la guerre, de Guillaume Herbaut.
Rencontre avec Sophie Daull, comédienne et écrivaine, qui revient sur une photo singulière. Une image placée dans sa maison, qu’elle garde toujours sous les yeux : le portrait de Pina Bausch, publié dans le journal Libération, lors de son décès en 2009. Si l’artiste est peu sensible au 8e art, elle se revoit découper ce cliché, placer un calque dessus et l’attacher avec un sous-verre. Une représentation fantomatique de la chorégraphe.
« Ce qui me touche, dans l’œuvre de Pina Bausch, c’est la porosité de la frontière entre le monde des vivants et des morts, confie Sophie Daull. À chaque fois que je suis traversée par un sentiment profond que ce soit dans le deuil, dans l’exaltation amoureuse, dans la transcendance artistique… j’ai toujours des images des ballets de Pina ». Un bel hommage.
Le portrait de Pina Baush : Sophie Daull
Explorer l’invisible
Direction ensuite Stimultania, à Starsbourg, qui accueille l’exposition Ukraine, de Maïdan à la guerre, de Guillaume Herbaut. Né en 1970, le photojournaliste a reçu de nombreux prix au cours de sa carrière. Il a commencé à documenter l’Ukraine en 2001. « Je fais partie de la génération qui a connu la Guerre froide, explique-t-il. Et là-bas, je suis confronté à un univers qui porte les traces de la période soviétique. J’ai l’impression de découvrir des gens que je connais déjà. Je suis tombé amoureux de cette région, et, depuis, j’y retourne chaque année. »
Sur ces images se lisent les conflits et la violence, mais aussi un certain recul. « J’essaie d’explorer ce qu’on ne remarque pas dans un conflit : l’invisible, précise Guillaume Herbaut. Mélanger les événements forts, et ceux d’attente, d’ennui, de temps qui passe ». Un récit poignant, à découvrir jusqu’au 31 mars 2019.
© Guillaume Herbaut