Intimiste et prenante, la série Dis papa, de Geoffroi Caffiery, présentée au festival Boutographie raconte la réalité de la schizophrénie. Le Château de Versailles accueille Visibles/Invisible, une exposition collective réunissant des images de Nan Goldin, Martin Parr et Viviane Sassen, entre autres. Deux actualités sur lesquelles se pose la voix de Brigitte Patient sur France Inter.
Quel visiteur a déjà eu l’opportunité de se balader dans les canalisations qui alimentent les fontaines du château de Versailles en compagnie de Nan Goldin ? C’est pourtant là que la photographe emmène le spectateur. À la lecture d’extraits de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, rédigée par Olympe de Gouges en 1791, et par laquelle les voix d’Isabelle Adjani, Catherine Deneuve et Charlotte Rampling résonnent, c’est un geste politique que signe l’artiste américaine rendant hommage à la marche des femmes sur ces terres en 1789.
Elle n’est pas seule. Du 14 mai au 26 octobre, dans le cadre de l’exposition Visibles/Invisible, Viviane Sassen, Eric Poitevin, Martin Parr, et Dove Allouche proposent leurs images créées in situ. Chacun dans un univers différent, ils exposent leurs œuvres et leurs visions singulières du lieu. À cette occasion, la photographe néerlandaise Viviane Sassen explore l’amour, la mort et le sexe dans des images qui dénotent radicalement avec le château.
Une exposition de photographie contemporaine prend son sens dans la rupture qu’elle entretient avec le passé. C’est le cas ici. L’orangerie de Jussieu, rarement fréquentée par le public, ouvre ses portes à Éric Poitevin qui expose une première série en très grands formats, tournée droit vers le soleil, comme une référence à Louis XIV. « Notre rôle c’est peut-être de montrer des choses là où il n’y a rien à voir. Regarder n’est pas si simple. L’invitation qui nous est faite ici (…) c’est pour produire de l’écart. » C’est une vision concrète du projet offert par le Château de Versailles que met en images Éric Poitevin. Il propose également, dans un passage, une série florale d’angéliques issues du parc du château. Dove Allouche a travaillé à sa façon le plâtre et extrait des cristaux de gypse un panel de couleurs proche du pictural. En abondance sur le domaine, cette roche tendre répond à la rareté des matériaux importés pour parer l’endroit. De son côté, Martin Parr ne se dépareille pas de ses classiques en proposant des photos des touristes visitant l’exposition.
© à g. Éric Poitevin et à d. Dove Allouche
© Martin Parr / Courtesy de l’artiste & château de Versailles / Magnum Photos / kamel mennour
Hier j’ai dormi 34h pour une période de 36h
Avec sa série Dis papa, exposée jusqu’au 26 mai au festival Boutographie, à Montpellier, Geoffroi Caffiery confie les troubles de son fils. Touché par la schizophrénie, ce dernier est le sujet central du travail de son père. « Hier, j’ai dormi 34h pour une période de 36h. J’étais incapable de faire quoi que ce soit. C’est dû aux médocs et aux médecins qui me les prescrit. Elle veut m’épingler sur son mur comme un trophée de chasse. » Une existence subie résumée en quelques mots.
Ce récit intimiste débute le 10 décembre 2010, lorsque le photographe apprend la maladie des son fils alors âgé de 19 ans. Il ne faut voir ici aucune impudeur, comme l’explique justement Geoffroi Caffiery : « Le récit de famille peut réunir des gens qui s’aiment ou qui ne se supportent plus ou mal. Ma famille, comme beaucoup d’autres, a subi de nombreux soubresauts : le deuil prématuré d’une mère, la maladie de mon fils au moment où il aurait dû s’affranchir et vivre une vie autonome et authentique. »
© Geoffroi Caffiery
Image d’ouverture © Geoffroi Caffiery