Au micro de « Regardez voir » #95

22 mai 2019   •  
Écrit par Julien Hory
Au micro de « Regardez voir » #95

Intimiste et prenante, la série Dis papa, de Geoffroi Caffiery, présentée au festival Boutographie raconte la réalité de la schizophrénie. Le Château de Versailles accueille Visibles/Invisible, une exposition collective réunissant des images de Nan Goldin, Martin Parr et Viviane Sassen, entre autres. Deux actualités sur lesquelles se pose la voix de Brigitte Patient sur France Inter.

Quel visiteur a déjà eu l’opportunité de se balader dans les canalisations qui alimentent les fontaines du château de Versailles en compagnie de Nan Goldin ? C’est pourtant là que la photographe emmène le spectateur. À la lecture d’extraits de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, rédigée par Olympe de Gouges en 1791, et par laquelle les voix d’Isabelle Adjani, Catherine Deneuve et Charlotte Rampling résonnent, c’est un geste politique que signe l’artiste américaine rendant hommage à la marche des femmes sur ces terres en 1789.

Elle n’est pas seule. Du 14 mai au 26 octobre, dans le cadre de l’exposition Visibles/Invisible, Viviane Sassen, Eric Poitevin, Martin Parr, et Dove Allouche proposent leurs images créées in situ. Chacun dans un univers différent, ils exposent leurs œuvres et leurs visions singulières du lieu. À cette occasion, la photographe néerlandaise Viviane Sassen explore l’amour, la mort et le sexe dans des images qui dénotent radicalement avec le château.

Une exposition de photographie contemporaine prend son sens dans la rupture qu’elle entretient avec le passé. C’est le cas ici. L’orangerie de Jussieu, rarement fréquentée par le public, ouvre ses portes à Éric Poitevin qui expose une première série en très grands formats, tournée droit vers le soleil, comme une référence à Louis XIV. « Notre rôle c’est peut-être de montrer des choses là où il n’y a rien à voir. Regarder n’est pas si simple. L’invitation qui nous est faite ici (…) c’est pour produire de l’écart. » C’est une vision concrète du projet offert par le Château de Versailles que met en images Éric Poitevin. Il propose également, dans un passage, une série florale d’angéliques issues du parc du château. Dove Allouche a travaillé à sa façon le plâtre et extrait des cristaux de gypse un panel de couleurs proche du pictural. En abondance sur le domaine, cette roche tendre répond à la rareté des matériaux importés pour parer l’endroit. De son côté, Martin Parr ne se dépareille pas de ses classiques en proposant des photos des touristes visitant l’exposition.

 

© Éric Poitevin
© Éric Poitevin
© Dove Allouche
© Dove Allouche

© à g. Éric Poitevin et à d. Dove Allouche

© Martin Parr / Courtesy de l’artiste & château de Versailles / Magnum Photos / kamel mennour

© Martin Parr / Courtesy de l’artiste & château de Versailles / Magnum Photos / kamel mennour

Hier j’ai dormi 34h pour une période de 36h

Avec sa série Dis papa, exposée jusqu’au 26 mai au festival Boutographie, à Montpellier, Geoffroi Caffiery confie les troubles de son fils. Touché par la schizophrénie, ce dernier est le sujet central du travail de son père. « Hier, j’ai dormi 34h pour une période de 36h. J’étais incapable de faire quoi que ce soit. C’est dû aux médocs et aux médecins qui me les prescrit. Elle veut m’épingler sur son mur comme un trophée de chasse. » Une existence subie résumée en quelques mots.

Ce récit intimiste débute le 10 décembre 2010, lorsque le photographe apprend la maladie des son fils alors âgé de 19 ans. Il ne faut voir ici aucune impudeur, comme l’explique justement Geoffroi Caffiery : « Le récit de famille peut réunir des gens qui s’aiment ou qui ne se supportent plus ou mal. Ma famille, comme beaucoup d’autres, a subi de nombreux soubresauts : le deuil prématuré d’une mère, la  maladie de mon fils au moment où il aurait dû s’affranchir et vivre une vie autonome et authentique. »

 

© Geoffroi Caffiery© Geoffroi Caffiery

© Geoffroi Caffiery

© Geoffroi Caffiery

Image d’ouverture © Geoffroi Caffiery

Explorez
Saint-Valentin : les photographes de Fisheye montrent d’autres visions de l’amour
© Nick Prideaux
Saint-Valentin : les photographes de Fisheye montrent d’autres visions de l’amour
Les photographes de Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. Parmi les thématiques...
14 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans les songes dionysiaques de Hui Choi
© Hui Choi. The Swan's Journey.
Dans les songes dionysiaques de Hui Choi
Le photographe chinois Hui Choi traduit les contradictions des émotions humaines en images empreintes de lyrisme. S’inspirant de la...
14 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
13 séries photo qui offrent une vision moins idyllique de l’amour
© Nolwen Michel
13 séries photo qui offrent une vision moins idyllique de l’amour
Si les relations amoureuses font rêver les plus romantiques d’entre nous, pour d’autres, elles évoquent des sentiments bien moins joyeux....
13 février 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #493 : aimer l'amour
© Giovanni Mourin / Instagram
La sélection Instagram #493 : aimer l’amour
Romance, amitié, famille, notre sélection Instagram de la semaine célèbre l’amour sous toutes ses formes, sous toutes ses expressions et...
11 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Juno Calypso : palais paranoïaque
© Juno Calypso. What to Do With a Million Years ? « Subterranean Kitchen »
Juno Calypso : palais paranoïaque
Dans sa série What to Do With a Million Years ? , la photographe britannique Juno Calypso investit un abri antiatomique extravagant non...
20 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger