En collaboration avec Women In Motion, programme initié par Kering, Fisheye publie son dernier hors-série, dédié à Babette Mangolte, artiste franco-américaine récompensée cette année par le Prix Women In Motion. Lumière sur la vie palpitante d’une cinéaste et photographe singulière.
« Alors même que la création est l’un des vecteurs de changements les plus puissants, les inégalités hommes-femmes sont encore criantes dans le domaine des arts et de la culture »,
déclare l’équipe de Women in Motion. Lancé en 2015 par Kering, ce programme ne cesse, depuis sa naissance, de promouvoir et encourager les femmes artistes – notamment à travers un Prix Photo, imaginé en partenariat avec les Rencontres d’Arles. Après avoir récompensé Susan Meiselas en 2019, Sabine Weiss en 2020 et Liz Johnson Artur en 2021, c’est la vidéaste et photographe Babette Mangolte qui a cette année été distinguée. Une artiste à la carrière passionnante, à qui nous avons consacré notre dernier hors-série.
Trisha Brown répète Line-up dans son loft de Broadway avec, de g. à d., Wendy Perron, Judith Ragir, Trisha Brown, Mon Sulzman et Elizabeth Garren, 1977 © Babette Mangolte
Née en France en 941, Babette Mangolte s’est rendue à New York en 1970. Passionnée par l’art expérimental, et convaincue qu’être une femme chef opérateur lui serait difficile en France, elle se plonge avec bonheur dans l’effervescence de la ville américaine et de sa scène avant-gardiste. Dans ce microcosme, elle développe une œuvre influencée par la performance et ses nuances. « Le 5 décembre 1970, j’ai vu une pièce écrite et mise en scène par Richard Foreman, Total Recall. À ce moment-là, je ne parlais presque pas anglais. J’ai donc vu la pièce sans entendre les mots, sans comprendre le langage. J’ai ainsi réalisé que, en photographie, on ne capture pas le son, mais ce qu’on voit. Donc, pour réussir ses images, il faut regarder et ne pas écouter. Ce constat a accéléré mon apprentissage de la photographie », confie la cinéaste. Véritable « femme à la caméra », Babette Mangolte développe, dès lors une œuvre visuelle s’appuyant sur la subjectivité du point de vue. Un parcours ponctué de rencontres fortes, marquantes – Robert Whitman, Joan Jonas, Trisha Brown, Steve Paxton… – qui parvient brillamment à encapsuler une période singulière de l’histoire culturelle américaine, tout en interrogeant avec intelligence la manière dont on capture les corps et les performances.
L’opéra Einstein on the Beach, de Robert Wilson et Philip Glass, libretto et scénographie par Robert Wilson, musique par Philip Glass et son orchestre. Acte 1 Train, avec, de g. à d., Lucinda Childs, Dana Reitz et Sherryl Sutton, 1976 © Babette Mangolte
© Fisheye Magazine
Image d’ouverture : © Babette Mangolte