
Les deux syllabes par lesquelles se désigne notre artiste suggèrent simplicité et sérénité : « Béa ». La quarantaine, Béa Henri convoque une émotion pure, rêve d’un monde libre, voit chaque création comme « un voyage du cœur », et passe sans cesse de l’ombre à la lumière, pour s’émerveiller chaque jour davantage de celles-ci. Ses images au grain savoureux et au style accrocheur racontent ce qui l’inspire, soit « toutes ces histoires qui ne se voient pas ». Autodidacte, elle revendique une approche sensuelle et émotionnelle, voire parfois volontiers surréaliste. « Sur le son de la musique, ou du silence, d’un mouvement à l’autre, j’explore mes photos. J’ai des mots qui me viennent à l’esprit, je les dispose les uns par rapport aux autres en ne tenant pas compte de leur lisibilité. Puis par la suite, en découlent un visage, des corps, des paysages irréels. L’imaginaire, mon monde », révèle l’artiste. Si cette dernière est sensible à la nostalgie, c’est sans doute parce qu’elle a grandi dans le Sud de la France, et « vien[t] d’une famille qui a traversé la mer, rapatriée depuis le Vietnam pendant la guerre. » Son enfance, elle confie l’avoir vécue de manière ni ordinaire ni extraordinaire, dans un ancien camp militaire, bercée par la joie et l’amour de sa mère. « Rien ne manquait », confie-t-elle. Si les grands espaces terrestres et l’influence des contrées sauvages ont la part belle dans son œuvre, c’est en fin de compte toujours vers l’au-delà que semblent s’orienter ses méditations photographiques. En témoignent les nombreuses vues en contre-plongée, les croquis mathématiques qui viennent esquisser un visage, ou les ondes qu’elle créé numériquement : une manière, peut-être, de convoquer les esprits. Avec style et élégance, Béa Henri propose un voyage au cœur du vivant, presque comme des poèmes quantiques. Ses phrases, à l’image de ses œuvres, se donnent à entendre, parfois, comme des énigmes. Son mot de la fin ? « Mon premier et dernier regard se tournent toujours vers le ciel ».












