À l’occasion de la Biennale d’Aix-en-Provence, la chapelle des Andrettes accueille, du 21 septembre au 12 octobre, Beyrouth ne meurt jamais, une exposition de Yuksek sur la résilience et la régénération d’une ville sans cesse mise à l’épreuve.
Le compositeur Yuksek découvre le Liban il y a une quinzaine d’années, lorsqu’il est invité jouer à Beyrouth. Depuis, il y est retourné presque tous les ans, en tissant des liens d’amitié forts et une relation particulière à la ville. Il entre alors en contact avec une réalité qui, malgré les combats, les attentats, les exodes et les grandes difficultés politiques et économiques, continue de déployer de la vie et de la résilience. Après l’explosion du port de la ville, durant laquelle un de ses amis est gravement blessé, le musicien et d’autres artistes français·es décident d’écrire un album pour récolter des fonds pour une ONG chargée de la reconstruction du lieu. C’est à cette occasion qu’est composée « Beirut ma bet mout » qui a donné le nom à l’exposition photographique. Ces photos racontent en effet la grande capacité de réparation des habitant·es. Avec son appareil comme complice, Yuksek se lance dans une exploration visuelle, se servant de son objectif pour raconter des histoires de survie et d’espérance. L’exposition est également enrichie d’une installation sonore immersive qu’il a créée, qui combine des captations d’ambiances urbaines du Liban avec des enregistrements de chants traditionnels du pays.
Une terre de contrastes
Yuksek perçoit le Liban comme une terre de contrastes. Le format diptyque de ces photographies s’est donc rapidement imposé. Entre photojournalisme et narration intime, la série Beyrouth ne meurt jamais a été réalisée avec trois appareils argentiques différents, un choix technique qui se prêtait particulièrement à une disposition esthétique en deux tableaux. « J’ai réalisé cette série en atterrissant à Beyrouth le 7 octobre 2023, le jour du début de ce chaos qui enflamme à nouveau la région, dit-il. J’y ai loué une voiture et parcouru une grande partie du Liban (la côte de Ghazieh à Batroun, le Mont Liban, La Plaine de la Bekka par Baalbek jusqu’à Anjar près de la Syrie) seul pendant une semaine. » Les diptyques fonctionnent en miroir, parfois en oxymore, en faisant dialoguer l’ombre et la lumière, le désordre et l’apaisement. « Le Liban est une terre de contraste absolu, la douceur et la violence, la misère et l’opulence, le chaos de Beyrouth et la sérénité des cimes, le climat politique et la résilience des habitant·es. »