Avec 227 voyages et plus de 100 000 km parcourus en sept ans sur les lignes du Green Train [train vert], le train économique qui dessert tout le nord-est de la Chine, Qian Haifeng nous raconte une Chine qu’il connaît bien, celle d’une classe populaire dont il partage les valeurs et le style de vie, et qu’il documente avec empathie et générosité.
Rien ne prédisposait cet électricien d’un grand hôtel né en 1968 à Wuxi, ville industrielle chinoise dans le Jiangsu, près de Shanghai, à réaliser un tel périple. La passion du voyage et son modeste budget l’entraînent dès 2006 à s’embarquer à bord du Green Train dont il commencera à prendre des photos deux ans plus tard. Soucieux de documenter la vie des gens de peu dans les villages qu’il traverse, il s’attache à enregistrer la vie de cet espace d’humanité sans climatisation ni chauffage, où il fait très chaud l’été et très froid l’hiver.
Un mode de vie
Paysans descendus des montagnes pour vendre leur récolte, étudiants en route vers leurs études, ouvriers allant au travail, commerçants en tous genre ou couples partis en visite dans une lointaine famille… Toute une partie de la population utilise ce moyen de transport économique menacé de disparaître avec la progression des trains à grande vitesse, plus rapides mais aussi beaucoup plus chers.
C’est pour défendre ce train et tous les gens qui l’utilisent que Qian Haifeng poursuit aujourd’hui encore son reportage. Un travail en bonne voie de reconnaissance qui a reçu plusieurs distinctions en Chine. Exposé pour la première fois en tant que sujet au cours de la 11e édition du festival de Lianzhou (dont il vient de recevoir le Punctum Photography Award) en ce moment, la centaine de photos présentée nous entraîne dans une immersion dont on ne ressort pas indemne.