« La photo est un médium qui facilite à la fois rencontres et expériences. Mon boîtier me sert de prétexte pour parler aux gens, dans la rue notamment. Mes clichés visent à documenter des communautés du “tous les jours”: les habitués des buvettes, des cafés, ou encore des bingos », nous avait confié Guillaume Blot, il y a un an. Le photographe et journaliste nantais né en 1989 ne cesse de courir après l’humain. Toujours en immersion, il pointe les détails comme l’anecdotique. Aujourd’hui, il révèle quelques-uns de ses secrets et projets fous, à travers l’exercice du portrait chinois. Une occasion d’en savoir plus sur celui qui collabore avec Libération, Society, Trax, L’Express, Néon ou encore Fisheye.
Si tu étais…
Une de tes images ?
Le portrait élastique de Georges, sur la terrasse du bistrot Le Maeva, à Saint-Mammès (77). Elle synthétise à elle seule tout ce que j’aime :
- D’abord un rade, un vrai, tenu par Jymm et Marlène, un couple de 80 et 85 ans, avec ses habitué·e·s, dont Georges, un pilote de péniche, qui s’est garé à 100m.
- Georges qui balance d’un coup sa jambe à son oreille.
- Et de l’ultra-local – j’habite à quelques kilomètres. Voici mon vrai terrain de recherche, j’y photographie et documente ce qui m’entoure.
Une photo iconique ?
La Une de L’Équipe Mag « Embrassez qui vous voudrez » de Roberto Frankenberg. Aussi puissante que graphique.
Un shooting rêvé ?
Photographier le Bingo-Bouse de Cambremer, dans le Calvados. Imagine Fontaine, une vache avec un bon transit, qui est amenée sur un terrain de foot découpé en 1 200 cases. Chacune d’elle est numérotée, et “achetée” par un·e joueur·se au préalable. Il ne reste plus qu’à attendre que Fontaine lâche sa première bouse, dans une des 1 200 cases donc, et qui permet aux chanceux·se de remporter une croisière. J’en rêve de ce reportage, pour continuer ma série sur les Soirées Bingos.
Un personnage ?
Mon grand-père, Yves, qui, depuis le 3 mars, et sa deuxième injection de Pfizer, revit. Désormais il peut rejouer à la belote avec ses potes, après plus d’un an de pause.
Un objet ou décor insolite à photographier ?
Après l’olive, je cherche un jeu de mots et une photo à faire autour des apéricubes. Si tu as une idée, écris-moi en DM (@heyguillaume).
Un ou une artiste avec qui tu rêves de réaliser un projet ?
Je rêve d’un trio avec Eric Tabuchi et Nelly Monnier, et de contribuer, ainsi, à ma petite échelle à leur Atlas des Régions Naturelles. En y intégrant mes devantures de rades et de restaurants routiers, par exemple.
Un morceau de musique ?
Une couleur ?
Jaune. La couleur des frites, du Ricard, et du soleil sur le visage de ma voisine d’Intercités Cyrielle.
Un métier ?
Développeur·se dans un labo photo. Je me dis que la personne doit voir passer devant ses yeux des pans d’intimités de fou.
Une forme de voyeurisme professionnel et contraint. Je suis curieux d’anecdotes, d’histoires autour de ce taf, ça doit en regorger.
Un livre ?
L’Insoutenable légèreté de l’être,
Milan Kundera.
Un penseur ?
« L’amour est partout où tu regardes, Dans les moindres recoins de l’espace, Dans les moindres rêves où tu t’attardes, L’amour comme s’il en pleuvait, Nu sur les galets »
Je t’aimais, je t’aime, je t’aimerai – Francis Cabrel.
Un vêtement ?
Mon bob marin, acheté sur la brocante de Saint-Mammès (77) en septembre 2019. Il me quitte rarement.
Un paysage ?
Une forêt de jambes, celles de la dernière Zone Disco Autonome, organisée par Bruits de la Passion dans les Cévennes.
Un secret ?
Je laisse les noyaux des pruneaux dans ma recette de Far Breton. Ça casse peut-être des dents mais le goût est meilleur.
Un compte Instagram ?
@70sdinnerparty : ma source d’inspiration recettes préférée.
© Guillaume Blot