Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. L’artiste conceptuel Carl Warner construit des Bodyscapes – d’étranges paysages montagneux… composés de corps humains.
C’est en déambulant au cœur d’un marché que l’artiste et photographe Carl Warner a imaginé, pour la première fois, un foodscape – un paysage surréaliste fait d’aliments. Rochers en pommes de terre rôties, forêts de brocolis… Ses créations deviennent rapidement populaires. « Et puis, en regardant le film Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni, dans lequel les acteurs, dénudés, roulent dans un paysage montagneux et désertique, j’ai découvert ma fascination pour le rapport entre corps et paysage », poursuit-il. De l’aliment, l’auteur passe alors à l’humain, et transforme les silhouettes en sculptures organiques.
Donner son corps à l’art
Chaque image de Carl Warner est composée avec soin, et représente un seul modèle, capturé sous différents angles. « Je sais que le public aimerait voir plusieurs corps ensemble, mais les différentes couleurs de peaux empêcheraient de créer cette harmonie au sein du paysage », précise-t-il. Seul, avec son sujet, le photographe construit, un à un, les plans nécessaires pour ériger les monts et de creuser les vallées.
C’est la perfection esthétique, que recherche l’artiste. Photographier un corps unique lui permet de mettre de côté une quelconque dimension sensuelle, et de se concentrer sur l’image, l’illusion. Devant son objectif, les membres deviennent montagnes, et la peau évoque une terre tannée par le soleil. Toujours dissimulés, les visages importent peu. Seules les courbes de la nuque apparaissent. Les modèles ne partagent pas leurs émotions, mais donnent, sans concession, leur corps à l’art. Un abandon permettant à Carl Warner de placer ses sommets, façonner ses cratères, ses plaines, comme il l’entend. Une œuvre sculpturale des plus créatives.
© Carl Warner