Capter le monde du dehors avec Stéphane Mahé

02 février 2023   •  
Écrit par Milena Ill
Capter le monde du dehors avec Stéphane Mahé

À paraître aux Éditions de Juillet en mars prochain, le deuxième livre de Stéphane Mahé, Mood, offre un regard apaisé sur le réel et son mystère. Pré-commandez, avant le 28 février, cet ouvrage grâce à la campagne de financement participatif !

Stéphane Mahé situe le début de son intérêt pour la photographie au début des années 2000, soit précisément au moment où le numérique entre dans le monde de la photographie. Tant et tant qu’il a choisi cette porte ouverte sur l’inconnu, plutôt que de poursuivre ce qu’il savait faire : la musique. Dans cette nouvelle manière de s’exprimer, il trouve autant un rapport nouveau à la matière artistique – « La photographie numérique me semblait plus accessible avec ce côté “tu shootes ce que tu vois”»confie-t-il – qu’une possibilité d’apprendre de manière autodidacte. Depuis ses débuts, il aura expérimenté divers biais photographiques, avant de se concentrer sur les boîtiers hybrides, comme sur son smartphone. « L’arrivée des premiers smartphones, même avec une qualité optique assez médiocre, m’a donné envie de construire, penser davantage en série photographique », détaille-t-il.

© Stéphane Mahé

S’approcher du surréel

Mood fait suite à Somewhere, paru en 2018, et reprend cette idée d’une errance irréelle et d’un abandon radical hors de l’espace et du temps. Mais si dans Somewhere, la notion de lieu et d’espace prenait une place importante, « avec Mood, il est davantage question d’ambiances et d’émotions », précise l’artiste. D’où une importance accordée à la lumière et la mise en mouvement de scènes photographiques mystérieuses et oniriques. Une poésie évoquée également à travers les quelques mots de l’écrivain Yvon Le Men, qui ouvrent l’objet :

« C’est la nuit
qui fait la lumière
quand elle se répand
comme de l’eau sur la plaine »

On pourrait dire que la pratique photographique de Stéphane Mahé est une mise en scène permanente d’un instant sacré. Caravage, Rembrandt, Hopper… ces artistes constituent d’ailleurs pour lui « des ressources spirituelles qui s’infusent en [lui] et sans doute participent à ce qu[‘il est] photographiquement ». À en croire l’artiste qui rejette toute scénographie, l’essentiel de ses œuvres relèvent du cliché non prémédité, instinctif, « soumis au désir incontrôlé de céder à l’appel du dehors », ajoute-t-il. Il se laisse alors capturer par le miracle des choses qui se présentent à lui et tente de restituer l’instant brut de la manière la plus fidèle possible. On retrouve également, dans le travail de Stéphane Mahé, la sensibilité d’Harry Gruyaert et ses jeux de clair-obscur. Au cœur de ce décor ni tout à fait déserté ni tout à fait habité, les personnages, souvent solitaires, toujours énigmatiques, s’intègrent dans la cohérence de ses tableaux comme s’ils étaient faits pour y habiter.

 

Mood paraîtra en mars 2023. Pour permettre la fabrication du livre, les éditions de Juillet ont lancé un appel à financement participatif. Vous pouvez y participer jusqu’au 28 février ! Son travail est actuellement exposé à la galerie Le Lieu à Lorient jusqu’au 12 mars.

 

© Stéphane Mahé

© Stéphane Mahé© Stéphane Mahé

© Stéphane Mahé© Stéphane Mahé

© Stéphane Mahé

Explorez
Les images de la semaine du 15.07.24 au 21.07.24 : le feu des souvenirs
© Pascal Sgro
Les images de la semaine du 15.07.24 au 21.07.24 : le feu des souvenirs
Cette semaine, les photographes de Fisheye s’intéressent aux différents aspects du feu, et ce, de manière littérale comme figurée.
21 juillet 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Looking at my brother : mes frères, l’appareil et moi
© Julian Slagman
Looking at my brother : mes frères, l’appareil et moi
Projet au long cours, Looking at My Brother déroule un récit intime faisant éclater la chronologie. Une lettre d’amour visuelle de Julian...
09 juillet 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Rafael Medina : corps libres et désirés 
© Rafael Medina
Rafael Medina : corps libres et désirés 
En double exposition, sous les néons des soirées underground, Rafael Medina développe un corpus d'images grisantes, inspirées par les...
27 juin 2024   •  
Écrit par Anaïs Viand
Pierre et Gilles, in-quiétude et Cyclope : dans la photothèque de Nanténé Traoré
© Nanténé Traoré, Late Night Tales, 2024 / Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ?
Pierre et Gilles, in-quiétude et Cyclope : dans la photothèque de Nanténé Traoré
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
26 juin 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
© Cait Oppermann
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
Ce vendredi 26 juillet est marqué par la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. À cette occasion, nous vous...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
© Iwane Ai. A New River series, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
À l’occasion des dix ans du Festival, Kyotographie investit les Rencontres d’Arles pour la première fois. L’exposition...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un...
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
© Robin de Puy
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
L'exposition Waters & Meer - Robin de Puy revient sur deux séries de la photographe néerlandaise. Un hommage aux populations rurales...
25 juillet 2024   •  
Écrit par Costanza Spina