Alors que la chaleur estivale refuse de s’évanouir, les photographes, quant à eux, nous proposent une évasion bienvenue en terres étrangères et parfois même fantasmées. De la Californie à Istanbul, des représentations du rêve à celles d’un idéal numérique, voici une sélection des périples les plus marquants publiés sur Fisheye !
Ci Demi
« Je suis un évadé, je photographie pour échapper à une morne réalité – même si je capture la réalité en elle-même. Ayant une formation de photojournaliste, je ne mets jamais en scène mes photos, mais je considère pour autant que mon univers est fictif. Il peut être à la fois lugubre ou glacial, romantique et nostalgique, ou bien très absurde »,
confie Ci Demi. Chérissant son Istanbul natale, le photographe s’attache à créer des « Histoires » ou « novellas » colorées et teintées d’humour, à propos de sa capitale.
© Ci Demi
Alec Vierra
Les clichés d’Alec Vierra s’imposent comme des capsules atemporelles. Des œuvres colorées, baignées d’une lumière chaude, où se croisent les fragments d’étés lointains au bord de mer, l’exaltation des voyages en terres inconnues, ou encore la joie intense de retrouver des amis après une longue séparation.
© Alec Vierra
Oumaïma Belouali
« Il n’y a rien sur Terre qui soit le terreau d’un moment décisif, annonce Oumaïma Belouali. Nous n’avons pas toujours besoin de courir à l’autre bout du monde pour être témoin de l’extraordinaire, autrement dit, des choses mystérieuses se produisent dans des endroits qui nous sont les plus familiers ». Son leitmotiv ? Composer une synthèse de l’environnement tout en isolant un élément. « J’ai toujours considéré la planète comme une chose bruyante qui évolue à un rythme effréné. Des mots doucement murmurés à moi-même m’accompagnent à chaque fois que je me décide à le rencontrer », poursuit-elle.
© Oumaïma Belouali
Kourtney Roy
Reine de Nulle part
ou de tout et son contraire, Kourtney Roy est surtout une reine de l’autofiction. Avec beaucoup d’humour, la photographe canadienne se joue des clichés dans des compositions fantasques et acidulées. Ses fragments d’histoires, dénués de contexte, laissent place à l’imagination de celui ou celle qui regarde. Dans son esprit, les images volubiles s’animent et se parent de toutes sortes de récits. À son style résolument cinématographique, il ne manquait finalement qu’une bande-son. Une absence qu’elle est parvenue à pallier dans Queen of Nowhere.
© Kourtney Roy
Antoni Benavente Barbero
aime à s’évader dans la nature, lieu commun de ses dernières créations. Inspiré par les paysages idéalisés des maîtres baroques hollandais, l’auteur est également fasciné par la Beat Generation. Les œuvres de Robert Frank, de Max Pam et de Bernard Plossu lui évoquent « des carnets de voyage intenses, authentiques et autobiographiques ». Quelques mots qui pourraient tout autant qualifier ses propres clichés. Chemins escarpés, végétation luxuriante, maisons isolées… La campagne et ses champs qui s’étendent à perte de vue éveillent en lui une sensation de quiétude qui le ramène à l’enfance.
© Antoni Benavente Barbero
Marion Faymonville
Black River
de Marion Faymonville s’impose comme un conte sombre et sublime, éclairé par le soleil brûlant de Californie. Plongées dans une pénombre zébrée par les rayons parvenant à vaincre le feuillage des arbres, les images deviennent les métaphores d’un récit complexe. Les corps, les plantes, les cordes fusionnent, interrogeant l’héritage du passé américain, tout comme la place de la femme face à l’objectif.
© Marion Faymonville
Théo Gosselin
« Après deux années de crises sanitaires rendant impossible tout voyage aux États-Unis – mon terrain de jeu favori depuis des années – j’ai pris mes billets dès que les frontières ont rouvert ! »
, confie Théo Gosselin. Survolté, le photographe amateur de road trips s’est lancé dans un périple de plusieurs semaines. À bord d’un vieux van, il traverse d’abord les paysages de la côte ouest, de Los Angeles à l’Oregon, avant d’explorer les sublimes parcs nationaux Giant Forest et Yosemite, puis les routes du Nevada, de l’Arizona, du Colorado ou encore du Montana.
© Théo Gosselin
Mathieu Richer Mamousse
Séville, Lourdes, Stonehenge, Port-au-Prince, cortèges bariolés, atours de velours, robes fleuries… Dans les photographies de Mathieu Richer Mamousse, sous les rayons d’un soleil chaleureux, les corps se mêlent, la fête résonne et les visages s’abandonnent, s’adonnant à l’exaltation – celle du groupe ou celle de la foi.
© Mathieu Richer Mamousse
Marion Ellena
Au cœur des projets de Marion Ellena, le temps « flou et étiré » vient toujours embrasser la distance de l’infinie. Dans cette étreinte singulière, les repères spatio-temporels s’évanouissent. Ils mènent alors celui ou celle qui regarde vers un monde à la fois éternel et inachevé dans le geste lent d’un mouvement en suspens. L’objectif ? « Se rapprocher au plus près de la représentation du rêve. » Là-bas, les nuances de la mélancolie se heurtent à la couleur enivrante. Dans ses imperfections, la poésie de l’oxymore lui donne prise sur ses souvenirs bruts, que le vague à l’âme n’a pu baigner d’une douceur chimérique.
© Marion Ellena
Federico Ciamei
C’est un rôle de « navigateur de l’image » que Federico Ciamei endosse dans Travel without Moving. Que contemplons-nous ? Ces forêts, ces animaux existent-ils ? D’où viennent-ils ? Et qui les a découvert ? « La série parle avant tout de l’effet du temps sur l’information. Je me suis mis à la place de ces voyageurs du passé, qui se rendaient dans des contrées inconnues en espérant découvrir de Nouveaux Mondes, des richesses ou des connaissances. Dans leur pays d’origine, leurs histoires devenaient des légendes, mais qui pouvait interroger la véracité de leur propos ? », raconte Federico Ciamei.
© Federico Ciamei
Images d’ouverture : © Alec Vierra