Corps en migration

16 janvier 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Corps en migration

Dans Mayu, la photographe japonaise Sayuri Ichida a représenté la notion de migration à travers l’art de la danse. Un projet sublime mêlant solitude, puissance et liberté.

Née en 1985 à Fukuoka, au Japon, la photographe Sayuri Ichida a déménagé à New York en 2012. Deux années plus tard, elle a mis de côté la photographie commerciale, afin de réaliser des projets plus personnels. « Je suis particulièrement attirée par les moments simples du quotidien. La douceur et la beauté du naturel », explique l’artiste. Shootés à l’argentique, ses clichés subliment d’un grain particulier les personnages qu’elle met en scène.

Mayu – la modèle qui a donné son nom à la série – et la photographe se sont rencontrées grâce à leurs maris, anciens colocataires. Danseuse classique et immigrante, la jeune femme a inspiré à Sayuri Ichida une série construite autour de son talent dans le 6e art. « Cette série est une métaphore de notre expérience partagée : l’immigration », confie l’artiste. Le visage caché, le corps en contorsion, Mayu déconstruit le classicisme du ballet.

Force et précision

« Dans ces images, je la représente comme un objet. Je la défie de sortir de sa zone de confort, et d’oublier ses leçons de danse »,

précise Sayuri Ichida. Immortalisé dans une position inconfortable, le corps de Mayu évoque la solitude que ressentent les personnes immigrées. Les décors, neutres et dépouillés, accentuent cette sensation d’aliénation et d’enfermement. « Elle est isolée, et ses postures dépeignent à la fois un combat intérieur et un désir de s’en sortir », ajoute la photographe.

Si les poses de Mayu sont à proscrire en danse classique, la force et la précision de la jeune femme demeurent indéniables. Une puissance synonyme de la volonté des migrants de s’intégrer dans une nouvelle culture, malgré les obstacles. L’originalité de ses positions, populaire en danse contemporaine, évoque une certaine liberté, un lâcher-prise qui reflète un espoir. En capturant Mayu dans cet environnement minimaliste et chaleureux, Sayuri Ichida développe un personnage fascinant, à la fois fragile, délicat et redoutable.

© Sayuri Ichida

© Sayuri Ichida

© Sayuri Ichida

© Sayuri Ichida

© Sayuri Ichida© Sayuri Ichida

© Sayuri Ichida

© Sayuri Ichida© Sayuri Ichida

© Sayuri Ichida© Sayuri Ichida© Sayuri Ichida© Sayuri Ichida

© Sayuri Ichida

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