Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan

24 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Une femme prend un bain moussant avec une boîte de chocolats sur les genoux
© Lalitâ-Kamalâ Valenta

Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan, nos coups de cœur de la semaine, documentent des univers spécifiques. La première s’intéresse à la manière dont un milieu façonne les comportements amoureux tandis que la seconde a fait de la mode son domaine de prédilection.

Lalitâ-Kamalâ Valenta

« Le dernier projet sur lequel j’ai travaillé porte sur les liens existants entre nos environnements et nos comportements romantiques et sexuels. Cette thématique est venue d’une difficulté à devoir rapprivoiser la ville où j’ai grandi, Marseille, victime de la gentrification. Et par la suite, d’une difficulté plus générale à me sentir appartenir à un endroit ou une communauté seule, ayant des identités multiples », explique Lalitâ-Kamalâ Valenta. À la fois Française, Tchèque et Tunisienne, la photographe a décliné ce travail en plusieurs chapitres, façonnés comme les composantes d’un journal intime ayant trait au politique, confrontant sphères privées et publiques. Le premier cherche ainsi à comprendre en quoi l’arrivée de Parisiens dans la ville de son enfance a modifié la manière dont la jeunesse marseillaise appréhende les relations amoureuses. Le deuxième revient sur l’emménagement de l’autrice à Paris, au sortir du lycée, « entre premiers émois encore adolescents, et désillusions et aliénation liées à la ville ». Les suivants prennent place dans les métropoles où ses ancêtres ont vécu. « J’ai par la suite élargi ce projet à Prague et Tunis, indique-t-elle. Il a pour objectif de montrer comment, dans des environnements en perpétuelles mutations, le rapport à la sexualité – et par là je n’entends pas forcément les rapports sexuels, mais le rapport au genre, au performatif, aux relations aux autres, à la notion de désir, etc. – peut prendre une valeur positive et agir comme seul pilier stable au milieu d’une multiplicité d’identités et de lieux en changement. »

Des babouches dorées posées sur une table
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Une femme marche dans la rue. Elle semble regarder un matelas.
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Un énorme gâteau à la crème et aux fruits rouges est posé sur une table. Des parts sont déjà coupées.
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Un cabas floqué de l'Union Jack, des escarpins rouges et un short dégradé du blanc au rouge sont posés sur les lits conjoints d'une chambre d'hôtel
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Une femme pose. Elle est assise, un bol dans les mains.
© Kordélia Phan

Kordélia Phan

C’est en tombant sur la sortie d’un défilé de Fashion Week, au hasard des rues, il y a deux ans, que Kordélia Phan se découvre un engouement pour la photographie. « C’était une effervescence qui m’a fascinée : les textiles, les attitudes, les silhouettes, les conversations volées, le mélange d’énergies. J’ai ressenti le besoin de capturer pas seulement la mode, mais ce qui se passait autour : les interactions, les détails. À ce moment-là, j’ai compris que je voulais documenter ce que je voyais, ce que je ressentais », se souvient-elle. Cet événement lui a fait si forte impression que, quelques mois plus, lorsqu’une des enseignantes de son école en direction artistique lui donne un devoir sur le thème « grasping reality » – ou, autrement dit, « saisir la réalité » –, elle décide de « prolonger cette expérience ». Dès lors, elle retrouve les clôtures de défilés qui l’émerveillent et s’immisce également dans les showrooms et les soirées de ce monde singulier. « J’ai photographié, enregistré, noté tout ce que j’entendais, toutes les petites absurdités et les éclats de vérité du milieu. De là est née une édition, mélange de textes et d’images. Ma professeure m’a dit : “Tu tiens quelque chose.” Alors j’ai continué. Depuis, tout s’est enchaîné : des collaborations avec des marques, des projets personnels, des rencontres. J’ai exploré des thèmes plus intimes, les tables de bars, les femmes qui s’ennuient, la distance. […] J’ai un goût certain pour la mise en scène aussi, mais je laisse toujours une grande part de liberté au modèle. Pour moi, la féminité est un espace en soi : un lieu où l’on devrait pouvoir s’affirmer et rêver librement. Et c’est cet espace-là que j’essaie de capturer à travers ma photographie », conclut-elle.

Une femme vêtue d'une robe rose satinée tient un sac en forme de cœur
© Kordélia Phan
Une femme accroupie pose pour un éditorial
© Kordélia Phan
Portrait d'une femme en bustier noir
© Kordélia Phan
Deux femmes dans un éditorial de mode
© Kordélia Phan
Une femme assise sur ses talents pose. Elle porte un corset noir et des collants en dentelle blancs.
© Kordélia Phan
À lire aussi
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
© Madalena Georgatou
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine…
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
© Jeanne Narquin
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
Jeanne Narquin et Émilie Brécard, nos coups de cœur de la semaine, s’intéressent toutes les deux à la féminité. La première photographie…
10 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
Extrême Hôtel : voyage dans l’œuvre intime et colorée de Raymond Depardon
Italie, Sicile, Taormine, 1981 © Raymond Depardon / Magnum Photos
Extrême Hôtel : voyage dans l’œuvre intime et colorée de Raymond Depardon
Après huit mois de travaux pour rénovation, le Pavillon populaire de Montpellier rouvre ses portes. À cette occasion, le musée...
10 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Twist : les basculements du regard de Grade Solomon
© Grade Solomon
Twist : les basculements du regard de Grade Solomon
Grâce à l'impression risographie, Grade Solomon raconte les formes de vie et les états d’âme dans ce qu’ils ont de familier et de...
09 décembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Kincső Bede : Déshéritée
© Kincső Bede
Kincső Bede : Déshéritée
Dans son livre Porcelain and Wool, Kincső Bede se réapproprie son identité transverse par des objets, des lieux et des tissus de la...
04 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
© Lena Kunz
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
La revue Mouche, qui fait dialoguer le 8e art avec la poésie depuis quatre ans, lance sa maison d’édition Mouche Books avec comme premier...
27 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 8 décembre 2025 : existences et plasticité
© Magdalene Busse / Instagram
Les images de la semaine du 8 décembre 2025 : existences et plasticité
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes témoignent de la vie quotidienne et jouent avec la plasticité de leurs images. ...
14 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Grégoire Beraud et les terres colorées de l'Amazonie
Kipatsi © Grégoire Beraud
Grégoire Beraud et les terres colorées de l’Amazonie
Dans sa série Kípatsi, réalisée dans l’Amazonie péruvienne, Grégoire Beraud met en lumière la communauté Matsigenka, sa relation à la...
13 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
© Sarah van Rij
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
Jusqu’au 25 janvier 2026, Sarah van Rij investit le Studio de la Maison européenne de la photographie et présente Atlas of Echoes....
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Julie Jones est nommée directrice de la Maison européenne de la photographie
Julie Jones © Agnès Geoffray
Julie Jones est nommée directrice de la Maison européenne de la photographie
Le conseil d’administration de la Maison européenne de la photographie vient de révéler le nom de sa nouvelle directrice : il s’agit de...
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet