Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan

À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Une femme prend un bain moussant avec une boîte de chocolats sur les genoux
© Lalitâ-Kamalâ Valenta

Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan, nos coups de cœur de la semaine, documentent des univers spécifiques. La première s’intéresse à la manière dont un milieu façonne les comportements amoureux tandis que la seconde a fait de la mode son domaine de prédilection.

Lalitâ-Kamalâ Valenta

« Le dernier projet sur lequel j’ai travaillé porte sur les liens existants entre nos environnements et nos comportements romantiques et sexuels. Cette thématique est venue d’une difficulté à devoir rapprivoiser la ville où j’ai grandi, Marseille, victime de la gentrification. Et par la suite, d’une difficulté plus générale à me sentir appartenir à un endroit ou une communauté seule, ayant des identités multiples », explique Lalitâ-Kamalâ Valenta. À la fois Française, Tchèque et Tunisienne, la photographe a décliné ce travail en plusieurs chapitres, façonnés comme les composantes d’un journal intime ayant trait au politique, confrontant sphères privées et publiques. Le premier cherche ainsi à comprendre en quoi l’arrivée de Parisiens dans la ville de son enfance a modifié la manière dont la jeunesse marseillaise appréhende les relations amoureuses. Le deuxième revient sur l’emménagement de l’autrice à Paris, au sortir du lycée, « entre premiers émois encore adolescents, et désillusions et aliénation liées à la ville ». Les suivants prennent place dans les métropoles où ses ancêtres ont vécu. « J’ai par la suite élargi ce projet à Prague et Tunis, indique-t-elle. Il a pour objectif de montrer comment, dans des environnements en perpétuelles mutations, le rapport à la sexualité – et par là je n’entends pas forcément les rapports sexuels, mais le rapport au genre, au performatif, aux relations aux autres, à la notion de désir, etc. – peut prendre une valeur positive et agir comme seul pilier stable au milieu d’une multiplicité d’identités et de lieux en changement. »

Des babouches dorées posées sur une table
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Une femme marche dans la rue. Elle semble regarder un matelas.
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Un énorme gâteau à la crème et aux fruits rouges est posé sur une table. Des parts sont déjà coupées.
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Un cabas floqué de l'Union Jack, des escarpins rouges et un short dégradé du blanc au rouge sont posés sur les lits conjoints d'une chambre d'hôtel
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Une femme pose. Elle est assise, un bol dans les mains.
© Kordélia Phan

Kordélia Phan

C’est en tombant sur la sortie d’un défilé de Fashion Week, au hasard des rues, il y a deux ans, que Kordélia Phan se découvre un engouement pour la photographie. « C’était une effervescence qui m’a fascinée : les textiles, les attitudes, les silhouettes, les conversations volées, le mélange d’énergies. J’ai ressenti le besoin de capturer pas seulement la mode, mais ce qui se passait autour : les interactions, les détails. À ce moment-là, j’ai compris que je voulais documenter ce que je voyais, ce que je ressentais », se souvient-elle. Cet événement lui a fait si forte impression que, quelques mois plus, lorsqu’une des enseignantes de son école en direction artistique lui donne un devoir sur le thème « grasping reality » – ou, autrement dit, « saisir la réalité » –, elle décide de « prolonger cette expérience ». Dès lors, elle retrouve les clôtures de défilés qui l’émerveillent et s’immisce également dans les showrooms et les soirées de ce monde singulier. « J’ai photographié, enregistré, noté tout ce que j’entendais, toutes les petites absurdités et les éclats de vérité du milieu. De là est née une édition, mélange de textes et d’images. Ma professeure m’a dit : “Tu tiens quelque chose.” Alors j’ai continué. Depuis, tout s’est enchaîné : des collaborations avec des marques, des projets personnels, des rencontres. J’ai exploré des thèmes plus intimes, les tables de bars, les femmes qui s’ennuient, la distance. […] J’ai un goût certain pour la mise en scène aussi, mais je laisse toujours une grande part de liberté au modèle. Pour moi, la féminité est un espace en soi : un lieu où l’on devrait pouvoir s’affirmer et rêver librement. Et c’est cet espace-là que j’essaie de capturer à travers ma photographie », conclut-elle.

Une femme vêtue d'une robe rose satinée tient un sac en forme de cœur
© Kordélia Phan
Une femme accroupie pose pour un éditorial
© Kordélia Phan
Portrait d'une femme en bustier noir
© Kordélia Phan
Deux femmes dans un éditorial de mode
© Kordélia Phan
Une femme assise sur ses talents pose. Elle porte un corset noir et des collants en dentelle blancs.
© Kordélia Phan
À lire aussi
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
© Madalena Georgatou
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine…
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
© Jeanne Narquin
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
Jeanne Narquin et Émilie Brécard, nos coups de cœur de la semaine, s’intéressent toutes les deux à la féminité. La première photographie…
10 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
Adarsh © Arhant Shrestha
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
À la librairie 7L, le photographe népalais Arhant Shrestha présente Loose Fist, livre et exposition issus d’un long travail de...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
© Madalena Georgatou
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #532 : dans les méandres de la mémoire
© celluloidjournal / Instagram
La sélection Instagram #532 : dans les méandres de la mémoire
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine sondent les mystères de la mémoire. Ils et elles exhument les souvenirs qui...
11 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
© Jeanne Narquin
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
Jeanne Narquin et Émilie Brécard, nos coups de cœur de la semaine, s’intéressent toutes les deux à la féminité. La première photographie...
10 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan, nos coups de cœur de la semaine, documentent des univers spécifiques. La première s’intéresse à...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 17 novembre 2025 : portraits du passé et du présent
I Saw a Tree Bearing Stones in Place of Apples and Pears © Emilia Martin
Les images de la semaine du 17 novembre 2025 : portraits du passé et du présent
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye dépeignent différentes réalités. Certains puisent leur inspiration...
23 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 événements photo à découvrir ce week-end
© Sandra Eleta
5 événements photo à découvrir ce week-end
Ça y est, le week-end est là. Si vous prévoyez une sortie culturelle, mais ne savez pas encore où aller, voici cinq événements...
22 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La Galerie Carole Lambert réenchante l'œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Petit cheval de Quito © Archivo Manuel Álvarez Bravo
La Galerie Carole Lambert réenchante l’œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Jusqu'au 18 décembre 2025, la Galerie Carole Lambert devient l’écueil des 40 tirages d’exception du photographe mexicain Manuel Álvarez...
21 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger